13 000 personnes ont été pendu dans une prison proche de Damas pendant une période de 5 ans !!! La prison de Saidnaya, à 30 kilomètres au nord de Damas, n’est pas seulement l’une des plus atroces de Syrie, là où tortures et mauvais traitements sont systématiques et institutionnalisés.
C’est aussi un lieu de massacre organisé, «un abattoir», selon un rapport d’Amnesty International publié mardi. Entre 5 000 et 13 000 prisonniers y ont été pendus entre septembre 2011 et décembre 2015. «Il n’y a pas de raison de penser que les exécutions extrajudiciaires ont cessé depuis», ajoute l’organisation. La salle d’exécution a été agrandie en juin 2012. Il y a en réalité deux pièces, l’une où dix personnes peuvent être pendues en même temps, l’autre vingt.
Quand ils arrivent, les détenus signent de leur empreinte digitale leur avis de décès et se voient demander leurs dernières volontés. Ils ont les yeux bandés. Dans la première pièce, une trappe bascule ; dans la seconde, ils sont poussés dans le vide par un gardien. Ils restent pendus entre dix et quinze minutes. «Certains ne meurent pas parce qu’ils sont trop légers. Pour les jeunes, leur poids ne suffit pas à les tuer», a expliqué un ancien juge du tribunal militaire. Un médecin est chargé de désigner ceux qui ne sont pas morts. «Des assistants de l’officier en charge tirent alors leurs corps vers le bas pour leur casser le cou», a déclaré l’ex-juge.
Ces séances d’exécution se tiennent une à deux fois par semaine. Entre 20 et 50 personnes sont tuées à chaque fois. Les cadavres sont ensuite enterrés dans des fosses communes situées sur des terrains appartenant à l’armée. D’après des témoignages recueillis par Amnesty, L’Etat syrien n’a bien sûr jamais reconnu les faits, mais l’ONG n’a pu vérifier, n’ayant pas le droit de travailler en Syrie, les corps sont souvent emmenés à Najha, un village entre Damas et Sweida, ou Qatana, une petite ville en banlieue ouest de la capitale syrienne.
Les victimes sont dans la quasi-totalité des cas des civils opposés au régime. «La prison militaire de Saidnaya est un endroit où l’Etat syrien massacre en silence son propre peuple», note Amnesty, qui a interviewé plus de 80 personnes, dont des détenus libérés, des anciens gardes et des anciens juges. reconnu cette politique d’extermination. Les procédures restent secrètes, connues seulement de ceux, gardes et responsables, qui sont directement impliqués. Mais les exécutions ont été autorisées par les plus hauts niveaux de l’Etat. Les condamnations à mort sont approuvées par le grand mufti de Syrie et soit par le ministre de la Défense, soit par le chef d’état-major, qui agissent de la part du Président, Bachar al-Assad. Dans un rapport publié en février 2016, les Nations unies avaient déjà accusé le gouvernement syrien d’«exterminer» des détenus, ce qui constitue un crime contre l’humanité.