Je reviens encore une fois à l’accident tragique de la Camrail qui a coûté la vie à des centaines de personnes en endeuillant des familles entières et pour essayer de comprendre les raisons de cet accident, il est bon de revenir sur la chronologie et l’historique de la Camrail… Je sais que c’est un article long à lire, mais pour comprendre qu’il y a des lacunes flagrantes, il faut le lire en entier…
C’est à l’accession du Cameroun à l’indépendance le 1er janvier 1960, le nouvel État camerounais hérite d’un réseau de chemin de fer à voie unique avec écartement métrique de 517 kilomètres, aux courbes serrées et au profil peu facile. Ces 517 kilomètres avaient été réalisées à l’époque pour une partie par la France et pour l’autre, par l’Allemagne
- ligne Doula-Yaoundé, construite entre 1908 et 1927 ;
- construction par les allemands entre Douala à Esaka ;
- construction par les français entre Eséka et Yaoundé ;
- ligne Doula-Nkongsambaré construite entre 1906 et 1911.
- La Régie nationale des chemins de fer du Cameroun, en abrégé « Regifercam », est créée par l’arrêté du et exploite le réseau jusqu’à sa privatisation en mars 1999À l’indépendance en 1960 et 1963, le réseau routier est très limité : le développement de l’État se fait par le chemin de fer. L’Office du Chemin de Fer Transcamerounais est chargé de conduire d’importants travaux de construction et de rénovation, les trains restant exploités par la Regifercam . Le réseau se développe jusqu’à la région de l’Adamaoua (la construction de la ligne Yaoundé-Ngaoundéréa lieu entre 1964 et 1974), puis à l’ouest lors de l’ unification, (ligne de Mbanga à Kumba
La Regifercam est inscrite en 1996 dans processus de privatisation par l’État camerounais, alors qu’elle présentait un déficit moyen annuel d’exploitation de l’ordre de 4 milliards de fcfa par an entre 1994 et 1999[
La liquidation de la Regifercam est chargée, conformément à la législation et à la réglementation en vigueur, de la réalisation de l’actif et de l’apurement du passif, dont les éléments respectifs ne sont pas repris pour le compte du Concessionnaire, au titre de la Convention de concession de l’activité ferroviaire au Cameroun signée le entre la République du Cameroun et la société Camrail. Il s’agissait pour l’État de réduire sa charge financière liée au transport ferroviaire, inverser les flux (entre l’État et le concessionnaire) et d’améliorer durablement l’efficacité du secteur des transports ferroviaires (augmentation de l’offre de transport ferroviaire et de la productivité du personnel
La Regifercam est dissoute par le décret présidentiel du a convention de concession a été signée le même jour pour une durée de 30 années à la Camrail dont le principal actionnaire est Bolloré et la reprise de l’activité ferroviaire est effective le 1er avril 1999 . Cette convention concède à Camrail :
- l’exploitation technique et commerciale des services de transport ferroviaire ;
- la maintenance, le renouvellement, l’aménagement et l’exploitation des infrastructures ferroviaires ;
- la gestion courante du domaine ferroviaire.
La convention de concession a connu un premier avenant en 2005. Puis complétée par l’avenant no 2 signé le , qui consacre des investissements destinés à l’acquisition du matériel roulant et à la modernisation des infrastructures et le matériel roulant. Cet avenant prévoit sur la période 2009-2020, des investissements de l’ordre de 230 milliards de francs CFA dont 158 milliards à la charge du concessionnaire…
À ce titre, deux locomotives neuves de type CC 3300 ont été mises en service le et six nouvelles locomotives CC 2500 ont été réceptionnées en 2012 mais rien ne dit que celles ci soient neuves !!.
En 2015, le concessionnaire a acquis neuf nouvelles locomotives de type CC 3300 fabriquées par la société Sud-Africaine Grindrod. Chacune de ces locomotives dotées d’une puissance de 3 000 chevaux, offre la possibilité de tracter en moyenne 1 500 tonnes de marchandises
Côté matériel remorqué, 50 wagons plats ont été réceptionnés en 2013 ; 25 wagons citernes et 40 voitures voyageurs livrés et Camrail a également mis en en service le train direct InterCity entre Douala et Yaoundé
L’entretien de la voie ferrée, qui reste la propriété de l’État, était confié à la Sitrafer de 2001 à 2010, Plusieurs problèmes à la Sitrafer (non-paiement des employés) ont amené la Camrail à favoriser l’ouverture à la concurrence ! L’entretien des voies est aujourd’hui assuré par quatre entreprises sous-traitantes de Camrail : SCIN, Socarrema, NASMO et Sitrafer !! On se demande bien pourquoi cette dernière (Sitrafer) revient dans le circuit
Dans le cadre du matériel de maintenance, Camrail a acquis et mis en service un autorail de contrôle de la voie le Cet engin de dernière génération d’une valeur de 2,3 milliards Fcfa permet de diagnostiquer la voie afin de déterminer avec précisions les anomalies de la voie et fournir des résultats en temps réel. Camrail poursuit aussi les travaux de réhabilitation de 175 km de voies entre Batchenga et Ka’a…… Camrail a également procédé à la rénovation de ses ateliers notamment, l’atelier Essieu avec l’acquisition entre autres d’une grenailleuse, des postes de magnétoscopie et d’une machine DALIC pour la métallisation des fusées.
- Le transport de passagers est assuré sur trois liaisons :
- la desserte de la « ligne Ouest » Douala-Kumba est assurée par des voitures classiques, adaptées au déplacement des populations entre le Sud-Ouest et le Littoral, mais également au transport et à l’expédition des colis et bagages.
- le TransCam 1 Douala-Yaoundé est desservi par trois types de trains :
- Le train direct « InterCity » (151/152 et 153/154) sans arrêt qui rallie Douala à Yaoundé en 3h40mn. Ce train est composé de deux voitures de première classe climatisées et de quatre voitures « Premium » ventilées.
- des trains Omnibus(103/104) desservent toutes les gares et arrêts ; ils sont composés de voitures de 2e classe et fourgons collecteurs adaptés au transport des colis et bagages. Ils aident au désenclavement des zones rurales et permettent l’acheminement des produits vivriers vers les grandes villes
- des trains semi-directs(181/184), composés de rames classiques (voitures 1re et 2e classe, bar restaurant, fourgons générateurs) desservent les grandes zones et chefs-lieux d’arrondissement. Le TransCam 2, Yaoundé-Ngaoundéré est également assuré par deux types de trains :
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- des trains omnibus(112/113) desservant la zone de Bélado à Ngaoundéré permettent aux populations riveraines de se déplacer et d’acheminer leurs vivres vers les grands axes[
- des trains semi-directs(191/192)de Yaoundé à Ngaoundéré dont la composition peut comporter des voitures-lits, des voitures de première classe, des voitures bar-restaurant
- La sûreté des passagers et des marchandises est assurée par :
- Sécurité Camrail (C’est donc la Camrail qui est responsable des passagers, c’est donc elle qui doit indemniser les victimes ou familles de victimes)
- Police spéciale du chemin de fer subdivisée en quatre commissariats
- quatre sociétés de gardiennage assurent la sécurisation des postes fixes et du matériel roulant
- SEMIL et Gendarmerie assurent respectivement la gestion des hommes en tenue et la sécurité des sites sensibles.
- les riverains qui assurent l’entretien et la surveillance de la voie. (Là c’est assez surprenant que ce soit des riverains qui assurent l’entretien des voies de chemin de fer…. Dans d’autres pays, ce sont les chemins de fer qui ont leur personnel !!!! )
La sécurité incendie est animée en interne par des agents Camrail formés selon normes en vigueur. Elle est structurée autour des dispositifs de
- Prévention: (Formation / sensibilisation du personnel et tiers opérateurs)
- Intervention: (Parc de 800 extincteurs portatifs et fixes répartis sur l’ensemble du réseau et trois camions incendie)
La sécurité de l’environnement des emprises ferroviaires, se décline à travers plusieurs actions :
- Gestion des rapports avec les riverains du rail (Politique de proximité de 400 millions Fcfa en moyenne par an pour les travaux de désherbage, nettoyage/curage des ouvrages d’arts.) (Là encore je me pose la question )
- Prévention de la pollution:
- Assurer la dépollution des sites de Yaoundé, Bélabo et N’Gaoundéré (avec appui Banque mondiale, alors où est passé les 1 milliard d’euros donné par cette dernière)
- Prévenir la pollution éventuelle du fait de nos activités (maitrise et traitement des effluents)
- Gestion écologique des déchets (tri sélectif, incinération des déchets spéciaux, recyclage des huiles usées et de la ferraille)
- Assainissement et maintien en état de propreté des lieux de travail et sites Camrail (entretien des bâtiments et des espaces verts, de la station d’épuration et des séparateurs d’hydrocarbures, vidanges des fosses septiques, désinsectisation et dératisation des locaux)
- Contribution à la protection de la faune et de la flore :
- Signature d’un mémorandum avec le ministère chargé de la faune et de la flore
Partenariat avec l’Organisation Non Gouvernementale CARFAD d’appui technique en vue de l’éradication du transport par train
- Pour augmenter sa productivité, Camrail s’est lancée dans un vaste programme d’acquisition de nouveaux équipements techniques, à savoir :
- Acquisition et mise en service d’un Autorail de contrôle le ,pour un montant de 2,310 milliards de cfcfa
- Rénovation de l’atelier essieux : Grenailleuse, potences, tables élévatrices, machine à laver les roulements, machine pour la métallisation des fusées, outillage de contrôle, postes de magnétoscopie, aspirateur de fumées, gerbeur…
- Acquisition de nouveaux matériels : Paire de portiques de pose et de dépose de la voie, Paire de tourelle pour transport de portiques ; Traveleuse à chaînette pour la pose des Traverses en béton armé; Palonnier à chaînette; Chariot poseur de rails, Bourreuse mécanique, Tractopelle, Tour et fraiseuse…
Camrail a également engagé la modernisation de son système d’information avec la mise en place de :
- la plateforme de connexion sécurisée, permettant aux clients d’accéder au logiciel de suivi de wagons Okapi (système de gestion de l’exploitation ferroviaire et de la facturation du transport des marchandises). Ce qui leur permet d’avoir en temps réel le positionnement et le statut de leurs wagons tout au long du trajet sur l’ensemble du réseau Camrail
- la Gestion de la Maintenance Assistée par Ordinateur (GMAO) avec le logiciel MAXIMO et contribue à l’amélioration du suivi, de la disponibilité et la fiabilité des matériels roulants et des infrastructures
- dispatching : système de communication ferroviaire qui permet au régulateur des circulations ferroviaires de communiquer avec toutes les gares, assurant ainsi une régulation du trafic sur l’ensemble du réseau !!!
- Alors la question que je me pose, lorsqu’on lit tout ce blabla, c’est que la Camrail disposait de matériel performant, de nouvelles locomotives, des wagons quasiment neufs pourquoi dans ce contexte, au lieu de rajouter des wagons au train (ceux qui étaient défectueux au niveau du freinage) oui pourquoi ne pas mettre un train supplémentaire ??
- C’est ce que l’on fait en france lors des jours de grande affluence, tels les vacances, ou les fêtes de fin d’année… Je sais que là c’était une circonstance imprévisible (enfin je crois) mais à mon avis valait mieux avoir 1, 2, 3 heures ou même une journée de retard plutôt que de ne pas arriver du tout.
- La responsabilité de beaucoup de personnes est à mon avis engagée dans ce drame. Et c’est la Camrail qui « en théorie » assure, je dis bien assure la SURETE des passagers, donc à mon avis c’est elle qui devrait indemnisé, les victimes et famille de victime !! Autre question aussi, pourquoi ce sont les riverains qui doivent entretenir les voies ainsi que les alentours ?? Le gouvernement lui aussi a décidé d’enquêter, mais alors pourquoi il y a t’il eu un déploiement de force pour que personne ne s’approche du lieu de l’accident ? Pour une fois, j’ose croire que c’est pour éviter le pillage des personnes décédées dans un pays ou le civisme, le patriotisme, l’entre aide n’existe pratiquement pas…. Paula