le didim ou jujube ou fruit de paix est présenté à chaque fois qu’il y a naissance des jumeaux dans la communauté et à l’intronisation des chefs. Le fiekak ou arbre de paix, lui est présenté à chaque fois pour les mêmes raisons ! Il sera parfois jeté dans la tombe pour éloigner les esprits. La queue de cheval, le nduq-nka, le vin de palmier raphia servi dans une calebasse lors des cérémonies de mariage (dot) ou de funérailles, la kola – le double-gong, le tam-tam, la queue de cheval, le port du tissu ndi ndop, incarne le pouvoir des chefferies. Le ndoh intervient de manière exceptionnelle car il traduit la malchance et est destructrice pour toute personne qui en est frappée, il peut même entraîner la mort de la victime.
Le Ndoh est la statuette qui sert à désenvoûter et à enlever les mauvais sorts jetés sur quelqu’un. Il sert de protection de la chefferie et des concessions, contre les sorciers, les vampires, et les forces invisibles – L’adoration des crânes humains est le lien avec les morts !
Funérailles Bamiléké – Une coutume ancestrale perpétuée avec rigueur de génération en génération, l’adoration des crânes humains influence le vécu des peuples de l’Ouest du Cameroun qui voient dans cette croyance un lien sacré avec les morts, lesquels sont souvent invoqués au travers des rites précis pour assurer protection et bénédiction à leur descendance. Sous la véranda de son domicile, dans la région de Dschang, la famille de feu Victor Asonfack conserve avec soin dans un caveau sommaire et atypique un lot de crânes humains et de boules de terre pétrie représentant selon ses dires, les ancêtres et d’autres membres de la lignée décédés. » Les crânes qu’on a là renvoient à notre arrière-grand-père, à notre arrière-grand-mère, à notre grand-père, à notre mère et au successeur décédé en 2003″, explique Jean-Claude Zanfack, frère aîné d’Asonfack.
Généralement, c’est quelques années après leur inhumation que les crânes des défunts sont récupérés et conservés, dans certains cas dans une pièce tenue à l’abri des regards du public, pour se voir attribuer par la suite le rôle d’anges gardiens protecteurs. Crâne – « En l’absence de crânes, ce sont des boules de terre ou des cailloux qui sont utilisés pour entretenir le lien entre les vivants et leurs proches de l’au-delà » Venu pour une cérémonie, avec pour chef d’orchestre maman Anastasie Dongmo, une veille femme, doyenne de la famille dont l’âge est estimé à 102 ans, mais bien en jambes, marchant à peine avec une canne, la cérémonie prend les allures d’un rite revêtu d’un caractère sacré et initiatique. « Ce n’est pas donné à n’importe qui d’exécuter ce rite », éclaire Jean-Claude Zanfack. Sur un récital d’incantations par lesquelles elle invoque les esprits de la famille pour leur soumettre les doléances des vivants, la prêtresse, garante des traditions désignée, dépose autour des crânes et des représentations un menu alimentaire constitué de l’huile de palme, du sel, des pistaches, de la sauce de taro, de la viande,… « C’est une offrande où l’on retrouve tout ce qu’on peut manger », Aux participants à cette cérémonie ponctuée de chants populaires interprétés par une association féminine du village, des arachides sont distribués. Le rituel dure quelques minutes, il se répartit en deux séquences dont la seconde, identique à la précédente, va se transporter vers un autre site : une petite case aux pieds d’un arbre sacré dans un champ derrière le domicile familial ! « Chaque village a son arbre sacré »
Crâne – A vue d’oeil pour le profane et l’étranger à la communauté, le rite exécuté ne recouvre aucun mystère, en dehors de celui suscité par la communication de la prêtresse en direction des ancêtres qui, à en croire les témoignages, se manifestent à leur tour par des messages transmis par le biais des rêves à leur interlocuteur. D’après les apparences, rien à voir avec une séance de vaudou par exemple, ou de magie dont les Bamilékés, peuple de l’Ouest-Cameroun, sont généralement accusés et que les autres populations camerounaises redoutent à cause de ce type de croyances, soupçonnées dans certains cas, à tort ou à raison, de pouvoirs maléfiques et ésotériques.
Ainsi, une certaine opinion répandue soutient que des personnes socialement influentes ou en quête de l’être ont recours à cette pratique pour asseoir leur puissance et leur autorité. Cette tradition, qui sert aussi à exorciser les mauvais sorts et démons ou à purifier une communauté de la souillure, est établie dans d’autres régions camerounaises, mais sans l’adoration des crânes. Le rite pour celles-ci se déroule sur les tombes des défunts. Les notables des villages prennent leurs rôles de gardien de temple très au sérieux. Certains se disent convaincus que les esprits des aïeux conservés dans une pièce interdite d’accès aux regards inquisiteurs, veillent sur la descendance, quels que soient les lieux de résidence.
Il s’agit là d’une conviction qui démontre avec force que l’ adoration des crânes humains représente un enjeu culturel important qui ne court aucun risque d’extinction et qu’aucune religion n’arrive à faire éliminer dans son terreau consacré de l’ Ouest-Cameroun.
Les prêtres du monde de la chefferie Bamiléké – Au niveau royal ou de la chefferie, gravite autour du prêtre roi dit fo, assisté de ses prêtres serviteurs dits wala une panoplie de prêtresses et prêtres aux tâches spécifiques et variées. On les dénomme comme suit : sop , kuipo , Mafo, Nkon , Djuikam , Nkem, Wambo, sandio, sandio, wentuo, Mekam. Les prêtres sop : Ce sont des prêtres nommés par le prêtre roi, ils sont soit ses fils soit ses petits-fils. Donc les prêtres dits sop sont avant tout de la famille royale, de la chefferie, ce sont en dernier ressort des princes.
Le kwuipo ou kwete : Il est un prêtre frère du chef qui est intronisé et soumis au même rite en même temps que lui. Il est en quelque sorte le vice-chef. Ce titre est surtout honorifique.
Le tafo ou père du chef : Ce titre est donné au grand-père maternel du chef ; mais dans certains villages, il est porté par un grand serviteur.
La Mafo : Elle est une prêtresse très puissante et très respectée parce que c’est elle la mère du chef ; les soeurs utérines du chef, sa grand-mère et tantes maternelles portent le même titre.
Mais seule la Mafo mère du chef a effectivement des pouvoirs politiques. De ce fait, elle entretient à sa résidence des sociétés masculines et féminines. Elle intervient aussi dans l’administration de la chefferie ; très versée dans la coutume, elle est souvent conseiller politique du chef.
La prêtresse Nkon ou Ngup ou Ngop : C’est le titre que porte la première femme du chef. Elle jouit d’une certaine notoriété auprès des autres femmes du chef.
Djuikam ou Djuikop : C’est le titre que porte la deuxième femme du chef chez les Bamiléké. Aussi, ce titre est porté par la femme qui accompagne le jeune chef pendant son initiation de neuf semaines au lakam. Là il est meunkem, s’il est jugé incapable d’assumer la fonction royale, il est chassé du lakam et on l’appellera alors désormais sougan.
Les prêtres dits nkem : Ce sont des serviteurs, roturiers ou anciens esclaves anoblis. En général, le prêtre roi accorde ces titres en récompense des services rendus à la communauté. Cette catégorie des prêtres qu’on retrouve chez les Awing dans le Nord-Ouest Cameroun s’apparente aux prêtres Sem, Hem de l’Egypte ancienne.
Wambo ou Wambé : C’est un prêtre au service du prêtre roi. Aussi, un fils de chef peut le porter et dans ce cas on l’appelle wambo sob. Les wambo sont choisis du fait de leur dévouement au prêtre roi ou fon ; ils sont sous les ordres du chef et font souvent des donations d’huile et de chèvres au chef, ils sont réputés être des grands magiciens.
Sandio ou sagon ou Sa : C’est un titre militaire et signifie qui commande et qui exécute en même temps.
Wanto, wentuo : C’est également un titre militaire signifie qui décapite et qui brûle.
Mekam ou mekep : Ce titre est porté par certains anciens chefs indépendants et soumis par les grands au cours des guerres. Ces chefs, actuellement dépendants sont appelés fon’te ou fan’tio chef dépendant, chef soumis. Ils ont conservé des attributs de chef avec la seule différence qu’ils ne sont pas indépendants.
Le fo ou fon : le prêtre roi bamiléké. En pays bamiléké du fait de la domination des institutions par les impératifs religieux et juridiques, le chef est avant tout un grand justicier et un grand prêtre. Il rend justice au nom de Dieu, le Si dont il est le représentant terrestre.
Il n’est pas le seul juge du village car la tâche serait très ardue. C’est ainsi qu’au niveau de la famille, le prêtre de famille ou chef de famille est un juge dit conciliateur ; au niveau du quartier, le chef de quartier juge les différends opposant les individus de familles différentes. Ici la justice n’est pas conciliatoire comme c’est le cas en famille ; plutôt, le coupable doit payer en plus des dommages et intérêts une amende notamment de chèvre, vin de raphia et de palme…
Sur le plan religieux, le chef est toujours assisté de ses prêtres serviteurs, ceci parce que le chef ne peut procéder lui-même aux sacrifices, aux offrandes d’huile de palme et de sang sur les crânes de ses ancêtres. Seule sa présence est parfois nécessaire d’où le rôle proéminent de ses prêtres serviteurs dits wala.
Les wala ou prêtres serviteurs du roi : Ce sont les serviteurs supérieurs, on peut les comparer aux secrétaires d’Etat. Ils reçoivent du chef des attributions précises. Il en existe deux grands types de wala : les wala ka et les wala Sissi. – Le wala ka, est une sorte de premier ministre du roi, il remplace très souvent le prêtre roi dans certaines cérémonies publiques. En plus de ses fonctions religieuses, il est aussi chef de guerre et grand juge après le chef. Le wala sissi quant à lui a une fonction essentiellement religieuse. Il officie le culte des ancêtres du roi. Il est de ce fait gardien des crânes des ancêtres du roi. En plus des fonctions religieuses, les walas jouent aussi un rôle politique important notamment lors de l’intronisation du nouveau chef. En effet, il existe un conseil formé de sept walas influents qui sont au courant de tous les secrets du chef. Et ces sept walas sont chargés de transmettre les secrets à un succésseur désigné d’avance afin de l’aider de gérer le bien être de la communauté ! Paula