Le chef de l’Etat s’est exprimé lundi devant les deux chambres du Parlement, après avoir fragilisé la majorité parlementaire de son prédécesseur Joseph Kabila.
Le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, a souhaité lundi 14 décembre la formation d’un nouveau gouvernement d’« union sacrée », pour tourner la page des « humiliations » qu’il affirme avoir subies au sein de la coalition avec son prédécesseur Joseph Kabila.
Le président Tshisekedi s’est exprimé lundi devant les deux chambres du Parlement réunies en congrès, une semaine après avoir fragilisé la majorité parlementaire de son prédécesseur Joseph Kabila et rompu leur accord de coalition.
Il a jugé nécessaire « la formation d’un gouvernement d’union sacrée de la nation qui travaillera en harmonie avec le chef de l’Etat », dans ce discours annuel sur l’état de la nation. « La feuille de route du prochain gouvernement qui sera issu de la nouvelle coalition nous engagera sans répit », a-t-il ajouté.
Le président gouvernait depuis janvier 2019 avec le Front commun pour le Congo (FCC) de M. Kabila, qui détenait le poste de premier ministre, les deux tiers des quelque 65 ministères, la majorité à l’Assemblée et au Sénat. « Malgré les efforts que j’ai déployés, les sacrifices que j’ai consentis et les humiliations que j’ai tolérées, cela n’a pas suffi à faire fonctionner harmonieusement cette coalition », a-t-il constaté, vivement applaudi.
Destitution de la présidente de l’Assemblée
M. Tshisekedi, qui souhaite désormais une nouvelle majorité parlementaire, a remporté une importante victoire la semaine dernière : la destitution de la présidente pro-Kabila de l’Assemblée, approuvée par une majorité de 281 députés sur 500. Le président a salué « le dénouement exemplaire » de cette crise politique, ce qui « constitue un indice sérieux de maturité politique ».
Dans une vidéo dimanche soir, un député, Léon Nembalemba Essuku, affirme de façon un peu confuse avoir reçu 15 000 dollars pour rejoindre cette nouvelle majorité pro-Tshisekedi, provoquant l’indignation d’acteurs anticorruption.
Sur le plan diplomatique, le chef de l’Etat a annoncé « la reprise de la coopération militaire avec les Etats-Unis ». « Dans le même ordre d’idées, j’annonce la création d’une école de guerre en RDC l’année prochaine, fruit de la coopération avec la France », a-t-il poursuivi. « La coopération avec la Chine pour la construction de nouvelles infrastructures » se poursuivra, a-t-il indiqué.
« Grâce à mon impulsion, l’année 2020 a marqué la fin de l’épidémie » d’Ebola dans l’est et dans le nord-ouest du pays, a-t-il dit, en mettant en garde les Congolais face au Covid-19 : « Il nous sera difficile de maîtriser cette nouvelle vague si la population n’obéit pas aux gestes barrières ». Selon le chef de l’Etat, « quatre millions d’enfants » ont pu « intégrer ou réintégrer le système éducatif » grâce à la gratuité de l’enseignement primaire, son grand défi.
Proclamé vainqueur de la présidentielle du 30 décembre 2018, l’opposant Félix Tshisekedi avait été investi le 24 janvier 2019 en présence de M. Kabila, première transition du pouvoir sans effusion de sang depuis l’indépendance en 1960.
(Source : Le Monde avec AFPPublié le 15 à 10h03)