Nous allons terminer cette journée avec cette info du journal Le Monde. Le gouvernement et l’armée ont rapidement été dépassés pour lutter contre la multiplication des attaques dans la province gazière de Cabo Delgado.
Quand l’imam a entendu les coups de feu du côté du commissariat de Mocimboa da Praia, il ne s’est pas affolé : « Personne alors n’a compris que c’était une déclaration de guerre », dit-il aujourd’hui. Octobre 2017, une trentaine d’hommes armés, désignés localement sous le nom d’« Al-Chabab », lancent un raid à l’aube contre trois commissariats dans cette ville portuaire située tout au nord du Mozambique.
« On a pensé qu’ils voulaient libérer leurs camarades accusés d’appartenir à une secte religieuse radicale appelant la population à désobéir aux lois », raconte à l’AFP l’imam, qui appartient désormais aux 300 000 déplacés de cette crise et tient à son anonymat.
C’est en réalité le début d’une sanglante insurrection djihadiste qui ravage la province de Cabo Delgado, gagnant chaque jour du terrain. Trois ans plus tard, elle a déjà fait plus de 2 000 morts, selon l’ONU et des ONG, dans une zone stratégique pour l’exploitation d’immenses réserves de gaz naturel liquéfié. Les assauts portent d’abord sur des villages isolés, le long de la côte de l’océan Indien. Des attaques espacées au cours desquelles une dizaine d’assaillants sème la panique, coupant des têtes, incendiant les maisons.
En juin 2019, le groupe prête allégeance à l’Etat islamique (EI). Et de fait, leur logistique se sophistique en termes d’armement, de tactique et de puissance de feu, relèvent plusieurs experts, même si l’EI revendique moins de 10 % de leurs attaques.
« L’hypothèse d’une convergence entre djihadistes et réseaux criminels existe : les trafiquants fournissent de l’aide et les djihadistes les débarrassent d’un certain nombre de contrôles, avance un expert français de la sécurité dans la région, qui veut rester anonyme. Ce qui est sûr, c’est que l’élévation du mode opératoire ne s’est pas faite par l’opération du saint Esprit. »
Dans la spectaculaire « escalade d’incidents violents » depuis un an, les attaques comme celle d’août contre Mocimboa da Praia qui s’est soldée par la prise de ce port stratégique sont désormais menées par des « centaines d’assaillants sur plusieurs fronts coordonnés », note Piers Pigou, chercheur à l’organisation non gouvernementale (ONG) International Crisis Group (ICG). Difficile d’estimer l’ampleur de ces groupes armés. Mais des sources de renseignement militaire sur le terrain avancent qu’ils pourraient compter 2 000 combattants. Ils ont revendiqué un total de plus de 600 attaques organisées depuis trois ans, précise le dernier rapport de l’ONG Acled.
En dépit du déploiement de milliers de soldats, les autorités ne parviennent pas à reprendre la main. « Le gouvernement a échoué à contenir les attaques, c’est clair pour tout le monde », commente Sergio Chichava, de l’université Eduardo-Mondlane, à Maputo. « Au début, il a pensé qu’il s’agissait de bandits. Trois ans plus tard, il a complètement perdu le contrôle », note le politologue qui a étudié ces violences.
L’Etat « fournit un effort plus concerté de contre-insurrection depuis avril », mais il « n’a pas la capacité, les ressources ou une stratégie suffisamment solide pour engager efficacement le combat » contre les groupes armés, estime Piers Pigou de l’ICG.
Les militaires sont « faiblement équipés », note Chichava, et s’appuient sur « des armes d’un autre âge » alors qu’il leur faudrait par exemple des drones pour faire de la surveillance.
A quelque 2 000 km au sud, le président Filipe Nyusi a promis le week-end dernier à Maputo de « continuer à mobiliser toutes les ressources » pour « garantir l’ordre et la sécurité publique ».
Depuis la prise de Mocimboa da Praia, à une soixantaine de kilomètres d’un important projet d’exploitation gazière, les djihadistes s’attaquent « aux voies routières et maritimes », mettant « de facto en place un blocus » autour du site, souligne l’expert français. La péninsule d’Afungi, centre névralgique des installations gazières qui représentent l’un des plus gros investissements en Afrique et auquel participe notamment le groupe français Total, « est une bulle sécurisée, une sorte de Fort Apache assiégé », souligne-t-il.
Le PDG de Total, Patrick Pouyanné, a reconnu la semaine dernière que la situation sécuritaire dans la zone était « sérieuse ». « La protection de notre site, c’est notre responsabilité », a-t-il avancé, mais « les puissances occidentales se rendent compte qu’est en train de s’installer une enclave pilotée par l’Etat islamique au sein du Mozambique ». (Source Le Monde)
Voilà chères lectrices et lecteurs du site, ce sera tout pour aujourd’hui, alors je vous retrouvé demain, en attendant je vous souhaite à vous et aux vôtres une belle fin de soirée ainsi qu’une douce nuit peuplée de jolis rêves. Prenez soin de vous 😘 Paola