Alors qu’Emmanuel Macron souhaite restituer au plus vite les œuvres pillées en 1892, le pays d’Afrique de l’Ouest traîne les pieds. Les autorités béninoises veulent avoir le temps de construire un musée pour y exposer les objets d’art. Deux ans. C’est le délai demandé par la République du Bénin pour pouvoir accueillir les vingt-six œuvres d’art volées par le général français Alfred Dodds en 1892. Le pays africain, surpris par cette annonce soudaine d’une restitution par la France, ne s’estime pas prêt à conserver ces œuvres issues du palais des rois du Dahomey, à Abomey, dans de bonnes conditions.
Le 4 juillet, le ministre de la Culture Franck Riester avait annoncé le retour «rapide» de ces objets, sans même attendre l’inscription de cette restitution dans la loi. «Ils doivent pouvoir être vus, admirés et étudiés au Bénin», avait déclaré le ministre, évoquant la possibilité d’une «exposition dédiée à la diversité, la complexité et la richesse esthétique de ces œuvres».
«À la proposition française, notre réponse c’est “patience, gardez-les encore un petit peu le temps que nous soyons vraiment prêts”», déclare José Pliya, directeur de l’Agence nationale de promotion des Patrimoines et du Tourisme (ANPT) béninoise. Selon lui, «le président Macron a pris un peu tout le monde de court en annonçant cette restitution sans délai de 26 objets» lors de son voyage à Ouagadougou en novembre 2017.
Le Bénin avait toutefois salué «le courage» de la France et ce pas historique. «On prend le cadeau et on salue le geste», réaffirme M. Pliya. Mais «ce retour est tellement fort, on veut vraiment bien faire les choses.» Le pays, qui a inscrit le tourisme comme l’un de ses principaux piliers de développement économique, veut accueillir les œuvres dans des conditions optimales. L’Unesco vient tout juste de donner son feu vert à la construction d’un nouveau musée dans l’enceinte des palais d’Abomey, ancienne capitale du Dahomey.
(Source Le Figaro)