La hausse des frais universitaires pour les étudiants hors Union européenne ne s’appliquera pas pour ceux étudiants déjà en France, annoncé le secrétaire d’État Gabriel Attal ce dimanche. Cette mesure est largement décriée par les étudiants et aussi les universités.
La hausse des frais d’inscription à l’université pour les étudiants étrangers programmée pour la rentrée prochaine ne s’appliquera pas aux étudiants déjà engagés dans un cursus universitaire en France, a annoncé dimanche Gabriel Attal, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Éducation nationale.
« Ce que je peux annoncer […] c’est que pour les étudiants qui aujourd’hui sont déjà dans un cursus en France, il n’y aura pas de changement des droits d’inscription », a déclaré Gabriel Attal sur France 3.
À partir de la rentrée 2019, les étudiants ne résidant pas dans l’espace économique européen (EEE) devront payer 2 770 euros par an en licence et 3 770 euros par an en master, contre 170 euros en licence et 243 € en master à l’heure actuelle, dans le cadre d’une stratégie présentée comme soucieuse d’« équité financière » et d’attractivité internationale par l’exécutif.
La hausse des frais d’inscription pour les étudiants hors Union européenne, annoncée en novembre par le Premier ministre Édouard Philippe, fait beaucoup débat et notamment ces derniers jours avec la décision de plusieurs directions d’universités de ne pas appliquer cette hausse. Des étudiants s’étaient aussi mobilisés en même temps que la réforme du lycée au mois de décembre.
L’augmentation des frais d’inscription pour les étudiants hors Union Européenne venant étudier en France fait grand débat depuis plus de deux mois. Le gouvernement a décidé de cette hausse pour permettre « un meilleur accueil » mais étudiants et plusieurs directions d’université font front commun pour s’y opposer.
Après l’annonce du Premier ministre mi-novembre, des étudiants se sont mobilisés dans les universités en décembre, en même temps que les lycéens contre Parcoursup et la réforme du lycée et c’est au tour des directions d’université d’annoncer, une à une, qu’elles n’appliqueront pas cette hausse. Explications en trois actes.
Mi-novembre : Édouard Philippe présente
« Bienvenue en France », c’est le nom de la stratégie présentée par le Premier ministre le 19 novembre dernier. Édouard Philippe avait profité de la tenue de l’édition 2018 des Rencontres universitaires Campus France à Paris pour tenir ce discours et annoncer l’augmentation des frais de scolarité pour les étudiants non européens à partir de la rentrée 2019. Quelques jours auparavant, une enquête plaçant la France comme le quatrième pays d’accueil des étudiants internationaux était parue. La France a perdu sa troisième place avec des chiffres stables : 343 000 étudiants sont accueillis en France sur les cinq millions qui étudient dans un système universitaire étranger.
« Nous pouvons faire beaucoup mieux », a ainsi affirmé le Premier ministre. La France ambitionne de porter d’ici 2027 à 500 000 le nombre d’étudiants étrangers qu’elle accueille chaque année, contre un peu plus de 300 000 actuellement. L’objectif est d’améliorer la politique des visas, le nombre d’étudiants ayant accès à des cours en anglais, le financement de plus de bourses ou encore l’exemption de frais… en augmentant les frais d’inscription.
Edouard Philippe
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@EPhilippePM
Nous avons donc décidé que les étudiants internationaux qui ne résident pas dans l’Espace économique européen paieront des frais d’inscription correspondant approximativement au tiers du coût réel de leur formation. #BienvenueEnFrance #RUF2018
Edouard Philippe
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@EPhilippePM
En réponse à @EPhilippePM
Un étudiant étranger fortuné qui vient en France paye le même montant qu’un étudiant français peu fortuné dont les parents résident, travaillent et payent des impôts en France depuis des années. C’est injuste. #BienvenueEnFrance #RUF2018
En décembre, des étudiants montent au créneau
Dès le début du mois de décembre, des étudiants dans les universités ont rejoint le mouvement de fronde national, entre les Gilets jaunes et les lycéens, opposés à la réforme du lycée et à Parcoursup, pour contester cette hausse des frais d’inscription pour les étudiants hors Union européenne.Tolbiac et la Sorbonne, ont notamment été gagnés par des blocages ou des menaces de blocages. Le campus Censier de l’université Sorbonne Nouvelle (Paris-3) a par exemple dû annuler ses cours mardi 4 décembre. Dans le même temps, les syndicats étudiants que sont l’Unef et la Fage ont organisé une manifestation dans les rues de Paris et à plusieurs endroits de France le samedi 1er décembre.
L’augmentation des frais d’inscription pour les étudiants hors Union Européenne venant étudier en France fait grand débat depuis plus de deux mois. Le gouvernement a décidé de cette hausse pour permettre « un meilleur accueil » mais étudiants et plusieurs directions d’université font front commun pour s’y opposer.
Edouard Philippe
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Nous avons donc décidé que les étudiants internationaux qui ne résident pas dans l’Espace économique européen paieront des frais d’inscription correspondant approximativement au tiers du coût réel de leur formation. #BienvenueEnFrance #RUF2018
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En réponse à @EPhilippePM
Un étudiant étranger fortuné qui vient en France paye le même montant qu’un étudiant français peu fortuné dont les parents résident, travaillent et payent des impôts en France depuis des années. C’est injuste. #BienvenueEnFrance #RUF2018
À partir de la rentrée 2019, les étudiants hors Union européenne devront ainsi s’acquitter de 2 770 euros en licence et 3 770 euros en master et doctorat contre 170, 243 et 380 € actuellement. Par ailleurs, 14 000 bourses d’exemption de frais seront créées, visant principalement les étudiants de pays en développement. Édouard Philippe a défendu un « choix fort », « qui nous permettra de mieux accueillir les étudiants qui choisissent la France », mais « un choix mesuré ».
Deux sites d’universités parisiennes, Tolbiac et la Sorbonne, ont notamment été gagnés par des blocages ou des menaces de blocages. Le campus Censier de l’université Sorbonne Nouvelle (Paris-3) a par exemple dû annuler ses cours mardi 4 décembre. Dans le même temps, les syndicats étudiants que sont l’Unef et la Fage ont organisé une manifestation dans les rues de Paris et à plusieurs endroits de France le samedi 1er décembre.
En Bretagne, Rennes 2 a aussi été bloqué plusieurs jours tout comme Sciences Po. « Nous dénonçons l’augmentation des droits d’inscription pour les étudiants étrangers, le système de sélection Parcoursup après le bac. Au-delà, il y a aussi un contexte social plus général », disaient les étudiants.
Janvier : les universités disent, une à une, non à la hausse
Clermont-Ferrand, première de cordée, puis Aix-Marseille, Lyon, Rennes 2… Depuis quelques jours, les directions des universités françaises annoncent qu’elles n’appliqueront pas la hausse des frais d’inscription pour les étudiants hors Union européenne. Elles dénoncent l’absence de dialogue et réclament « une réflexion approfondie sur les questions liées à leur accueil ».
Dans un communiqué, l’université de Rennes 2, qui compte 2 300 étudiants hors UE sur un total de 24 000, précise qu’en « l’absence d’une véritable concertation ministérielle avec l’ensemble de la communauté universitaire et faute d’une information stabilisée, la direction considère que la mise en oeuvre des frais différenciés dans le cadre du dispositif « Bienvenue en France » n’est pas souhaitable ». Avant d’ajouterqu’elle utilisera « toutes les possibilités règlementaires à sa disposition pour permettre aux étudiants internationaux extra-communautaires inscrits ou néo-entrants de bénéficier, pour la rentrée universitaire 2019/2020, du maintien du régime tarifaire actuellement appliqué ».
Si l’amélioration de l’accueil des étudiants étrangers est évidemment une nécessité », relève l’université Lumière Lyon 2, l’augmentation des droits d’inscription « ne paraît ni pertinente, ni juste car elle concerne des étudiants parmi les plus fragiles et bat en brèche le principe d’égalité de traitement entre usagers du service public ». Du côté de l’université de Clermont-Ferrand, le président Mathias Bernard pense qu’il y a « besoin de pouvoir définir une politique tarifaire vraiment concertée qui permette de prévoir des exonérations pour des étudiants qui n’ont pas la possibilité de payer des droits d’inscription à 3 700 euros ».
D’autres universités encore songeraient à s’opposer à cette hausse comme à Angers qui a décidé d’exonérer des droits différenciés « l’ensemble des étudiants extra-communautaires qui souhaitent poursuivre leur cursus dans nos formations, qu’ils soient déjà inscrits à l’UA ou dans un établissement d’enseignement supérieur et de recherche français. S’agissant des étudiants primo-arrivants à l’UA, l’établissement étudiera toutes les solutions possibles d’exonération ». (Source Ouest France)