Le déferlement de violence qui s’est abattu sur les régions de Leer et Mayendit est un nouvel exemple des atrocités à caractère ethnique commises durant le conflit sud-soudanais, débuté fin 2013 deux ans et demi après l’indépendance. Ce conflit a fait des dizaines de milliers de morts et poussé des millions de Sud-soudanais à fuir leurs foyers. C’est l’armée sud soudanaise et ses milices alliées qui se sont livrées à de nouvelles atrocités d’une contre des civils lors d’une offensive menée d’avril dernier à début juillet dans le nord de ce pays en guerre civile, a déclaré Amnesty International dans un rapport qui a été publié mercredi.
Dans ce document intitulé « Tout ce qui respirait était tué : des crimes de guerre à Leer et Mayendit », l’ONG a compilé les témoignages d’environ 100 survivants, qui font état de civils tués aveuglément, pendus à des arbres ou « écrasés par des véhicules blindés », mais aussi de viols, enlèvements et pillages. Les témoins cités par Amnesty International rapportent notamment l’usage de véhicules amphibies pour poursuivre les civils fuyant dans les marais et des tirs à l’aveugle dans les hautes herbes. Ils assurent également que les soldats, de l’ethnie dinka, celle du président Salva Kiir, rassemblaient des civils dans des habitations pour ensuite y mettre le feu.
Nyaweke 20 ans qui a vu des soldats tuer son père raconte : « Il y avait aussi cinq enfants qu’ils ont frappés en les balançant contre un arbre, ils avaient deux ou trois ans. Ils ne veulent pas que les garçons vivent car ils savent qu’ils grandiront et deviendront des soldats » ! D’autres survivants ont décrit un bébé tué par un soldat, qui l’a écrasé avec son pied. « De nombreuses femmes ont été violées », a ajouté l’ONG, citant des témoins évoquant des viols en réunion de jeunes filles de 8, 13 et 15 ans. Captives pendant plusieurs semaines, « celles qui essayaient de résister étaient tuées, les Dinka attendaient en file pour nous violer », a déclaré une survivante.
Bien entendu le gouvernement a nié en bloc toutes ces accusations. Selon le Ministre de l’information Michael Makuei, il déclare que Amnesty Intenational ne veut pas la paix pour le Soudan du Sud , Il rajouter : « Ce sont des gens qui continuent d’envoyer des rapports pour faire croire à la communauté internationale que le Soudan du Sud n’est pas en paix ». Amnesty International a par ailleurs dénoncé l’impunité dont bénéficient les auteurs de crimes depuis le début du conflit entre le président Kiir et son rival Riek Machar, soulignant que de nombreux appels à enquêter sur des crimes contre l’humanité et crimes de guerre ont été jusqu’à présent ignorés.
Rares sont les exemples de justice rendus dans le Soudan du Sud, seulement dix soldats avaient été condamnés à de lourdes peines de prison le 6 septembre pour le meurtre d’un journaliste sud-soudanais et le viol de 5 travailleuses humanitaires étrangères ! « Le seul moyen d’arrêter ce cycle vicieux de violence est de mettre un terme à l’impunité dont bénéficient les combattants sud-soudanais, quel que soit leur camp », conclut l’ONG. L’offensive contre cette zone de l’État d’Unité (nord) tenue par les rebelles a débuté fin avril et a duré jusqu’à début juillet, soit une semaine après l’entrée en vigueur du cessez le feu qui a précédé la signature le 12 septembre du dernier accord de paix. Tous les précédents s’étant soldés par des échecs. Il est juste navrant de voir des dirigeants de pays ne penser qu’à eux plutôt qu’à leurs populations mais en Afrique c’est bien connu, » le roi est mort, vive le roi » et peu importe les dommages collatéraux ! Paola