Bonjour à toutes & tous, j’ai donc programmé cet article car contrôle de ma vue oblige, peu d’écran sont recommandés et ce sera pareil jeudi.
Alors je vais vous parler d’un ancien président camerounais et c’est un 28 février 1984 que l’ancien président camerounais Ahmadou Ahidjo est condamné à mort par coutumace par son successeur Paul Biya pour complot contre le régime.
Il fut homme d’État camerounais et premier Président de la République du Cameroun.
Mais connaissez-vous bien Ahmadou Ahidjo ?
Ahmadou Babatoura Ahidjo est né le 24 août 1924 à Nassarao près de Garoua dans le Cameroun français.
Fils d’un chef peul (foulbé) de religion musulmane, Ahidjo intègre l’administration française comme télégraphiste puis opérateur radio. Il fait des études primaires à Garoua puis à l’Ecole supérieure d’administration de Yaoundé qui forme en trois ans des agents pour les différents postes dans l’administration. Ses condisciples sont entre autres, Félix Sabbal-Lecco, ministre sous son gouvernement, Abel Mouné Etia, premier ingénieur camerounais de la météorologie, haut fonctionnaire et Écrivain, ainsi que Jean-Faustin Betayéné, ministre des Affaires étrangères du Cameroun fédéral.
Entre 1942 et 1946, Il est fonctionnaire des PTT, avant son entrée en politique.
Repéré par l’administrateur colonial Guy Georgy, celui-ci organise son entrée en politique qui l’avait fait élire à l’Assemblée territoriale en affirmant en 1980 qu’ils avaient fait un bourrage de bulletins dans les urnes.
Il est donc élu à l’assemblée territoriale du Cameroun en 1947 et devient conseiller de l’Assemblée de l’Union française de 1953 à 1958 et président de celle-ci en 1957.
Il est alors protégé par Louis-Paul Aujoulat, le secrétaire d’État à la France d’outre-mer.
Ce dernier se montre rassurant envers l’Église et les aristocraties musulmanes du nord du pays et parvient à incarner l’union des courants conservateurs inquiets face aux mouvements contestataires qui se multiplient dans les années 1950.
D’abord membre du BDS, le parti d’Aujoulat jusqu’à sa chute, il constitue ensuite l’Union camerounaise avec le soutien des chefs nordistes.
Devenu vice-Premier ministre chargé de l’intérieur après l’octroi de l’autonomie interne au Cameroun, puis ministre de l’Intérieur (mai 1957) et grâce à un passage en force sagement orchestré par Jean Ramadier, haut-commissaire français de l’État du Cameroun, il fait tomber le gouvernement André-Marie Mbida en démissionnant avec la totalité des ministres du Nord qui lui sont fidèles.
Il remplace ainsi André-Marie Mbida à la tête du gouvernement en février 1958. Il est pourtant, à ce moment, encore un quasi-inconnu pour les Camerounais.
Il a face à lui, outre l’UPC clandestine, les nationalistes modérés réunis autour de Paul Soppo Priso et les conservateurs modérés fidèles à Mbida.
Grâce à son parti l’Union camerounaise (UC), à une Constitution taillée sur mesure, à un tripatouillage électoral et l’aide active de l’armée française qui réduit les rébellions menées par l’Union des population du Cameroun (UPC) en régions bamiléké et bassa, il est élu en mai 1960 président de la République.
C’est ainsi qu’il fut placé aux leviers de commande par la France soucieuse de faire échec par tous les moyens à l’UPC, considérée comme dangereuse pour l’ordre établi.
Pendant les premières années du régime, l’ambassadeur français Jean-Pierre Bénard est parfois considéré comme le véritable « président » du Cameroun.
Cette indépendance est en effet largement théorique puisque des conseillers français sont chargés d’assister chaque ministre et disposent de la réalité du pouvoir.
Il proclame une amnistie très sélective de militants de l’UPC incarcérés (ceux ayant supposément renoncé à poursuivre leur engagement politique), il refuse les négociations visant à mettre fin aux combats que lui propose le dirigeant de l’UPC Félix-Roland Mounié.
La guerre du Cameroun se fait très meurtrière au cours des premières années du régime.
Sous le commandement du général Max Briand, l’armée française organise en quelques mois le regroupement forcé de centaines de milliers de personnes et procède à des bombardements aériens contre les maquis.
Pour la seule année 1960, plus de 20 000 personnes sont tuées dans ces opérations selon les estimations de Max Briand.
Enfin Ahmadou Ahidjo réussit à ramener une confiance qui sera couronnée par la réunification avec une partie du Cameroun qui refuse l’intégration au Nigéria après référendum. Le pays devient un État fédéral en octobre 1961.
Dès le début des années 1960, le chef de l’État multiplie les dispositions légales lui permettant de s’affranchir de l’État de droit : prolongation arbitraire des gardes à vue, interdiction des réunions et rassemblements, soumission des publications à la censure préalable, restriction de la liberté de circulation à travers l’établissement de laissez-passer ou du couvre-feu, interdiction pour les syndicats de lancer des souscriptions, etc.
Toute personne accusée de compromettre la sécurité publique se voit privée d’avocat et ne peut faire appel du jugement prononcé. Les condamnations aux travaux forcés à perpétuité ou à la peine capitale, les exécutions peuvent être publiques se font ainsi nombreuses.
Ahidjo pense mener un développement économique et une assimilation culturelle qui favoriserait l’unification progressive du pays.
En avril 1964, Marguerite Mbida, épouse d’André-Marie Mbida, qui a été condamné à trois ans de prison ferme, se présente comme tête de liste du PDC aux élections législatives.
Le PDC fut le seul parti politique à avoir osé se présenter à ces élections législatives.
Les chefs d’opinion camerounais de cette époque sont tous soit en exil soit en prison.
Les résultats de ces élections selon des sources dignes de foi donnent une victoire massive au PDC dans ce qui s’appelle alors le Nyong et Sanaga. Cette victoire électorale leur fut confisquée au nom de l’unité nationale et du parti unique en gestation.
Les électeurs refusèrent que leur soit volée cette victoire électorale.
Le gouvernement camerounais de 1964 fit descendre la gendarmerie dans les villages et les protestataires furent massivement déportés vers les camps de concentration tristement célèbres de Mantoum, Tcholliré et Mokola.
Dans ces camps, les détenus sont sujets à des vexations systématiques, des conditions sanitaires dramatiques et à un quasi-esclavage
Ahidjo est réélu en 1965, à l’issue d’une élection dont il est l’unique candidat.
Malgré l’opposition du Parti des démocrates camerounais et de l’aile dissidente de l’UPC, il fonde en 1966 un parti unique, l’Union nationale des camerounais (UNC) et assigne André-Matie Mbida résidence surveillée
Au début des années 1970, il parvient à réduire substantiellement l’activité insurrectionnelle de l’UPC grâce à des succès militaires dont le plus grand est la capture, le jugement et l’exécution capitale en 1971 d’Ernest Ouandié dernier chef historique de l’UPC.
Il est réélu en 1970.
En mai 1972, un référendum approuve une constitution qui fait du Cameroun un État unitaire. Si le président défend à l’extérieur les instances de l’OUA, il se retire cependant, en 1973, de (l’OCAM), Organisation commune africaine et malgache.
Le Cameroun devient un pays producteur de pétrole en 1977. Prétendant vouloir faire des réserves pour les temps difficiles, les autorités gèrent les recettes pétrolières « hors budget » dans la plus totale opacité (les fonds sont placés sur des comptes parisiens, suisses et new-yorkais). Plusieurs milliards de dollars sont ainsi détournés au bénéfice de compagnies pétrolières et de responsables du régime.
Le 4 novembre 1982, Ahidjo, âgé de 58 ans, annonce sa démission pour raison de santé. Suivant les dispositions constitutionnelles, le Premier ministre Paul Biya, âgé de 49 ans, lui succède. Ahidjo conserve la présidence du parti unique et le régime connaît une étrange cohabitation qui s’achève au bout de 5 mois, en avril 1983, avec la démission de l’ancien président de ses fonctions et son départ en exil en France.
Les tensions se poursuivent toutefois et connaissent leur apogée avec la sanglante tentative de coup d’État de partisans d’Ahidjo. S’estimant floué par Mitterrand et la médecine française, tandis qu’il était en bonne santé, il tenta à nouveau en 1984 une démarche pour entrer en liaison avec le président Ronald Reagan afin qu’il l’assiste à reprendre le pouvoir.
Mais celle-ci fut vaine.
Cette tension se soldera par deux procès retentissants et deux condamnations à mort par contumace pour Ahidjo, reconnu coupable d’atteinte à la sûreté de l’État.
Séjournant alors entre la France, l’Espagne et le Sénégal, pendant ces événements, il ne rentra jamais au Cameroun et s’installa au Sénégal où il meurt, d’une crise cardiaque, le 30 novembre 1989. Il est inhumé au cimetière Bakhiya de Yoff, le plus grand cimetière musulman de Dakar.
On comprend aisément que Ahmadou Ahidjo a été la marionnette diligentée par la France et lorsque le gouvernement français n’a plus eu besoin de lui, il a fait en sorte de l’ évincer.
Mais que dire de Paul Biya qui est lui aussi appuyé par la France et en est à son 7ème mandat présidentiel alors qu’il avait gravit les échelons politiques sous le régime Ahidjo et lui aussi pratique la fraude aux élections et éjectent sans problèmes tous les opposants politiques par un moyen ou un autre !!
Agé de 90 ans, Paul Biya est le dirigeant le plus âgé du monde et le quatrième plus ancien en fonction dans un pays.
Voilà chers(es) lectrices & lecteurs, ce sera tout pour aujourd’hui, je vous retrouve demain en attendant, je vous souhaite à toutes & tous une agréable fin d’après midi et un bon début de soirée. Prenez bien soin de vous.
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Paola