Cameroun – Samuel Fasso, un photographe solitaire

Bonsoir lectrices & lecteurs du monde, je vais terminer cet après-midi en vous parlant d’un artiste, d’un photographe hors du commun, je veux parler de Samuel Fosso.
Né le 17 juillet 1962 à Kumba dans le Sud-Ouest du Cameroun il est un représentant notoire de la photographie africaine contemporaine. On le connait beaucoup plus à travers ses auto-portraits. Camerouno-nigérian il est détenteur de plusieurs récompenses internationales en photographie dont le prix du Prince Claus en 2001. 

Samuel Fosso vit d’abord au Nigéria avec ses parents. À cinq ans à peine, Samuel perd sa mère et trouve refuge dans la forêt, avec ses grands-parents, tous deux Ibo, l’ethnie au centre de la guerre du Biafra. Dans sa famille, il est le seul enfant de son âge à avoir survécu.
À dix ans, Samuel quitte Ebunwana Edda, son village nigérian, et ses grands-parents pour rejoindre son frère à Bangui, en République centrafricaine. Il travaille dans le magasin de son oncle maternel qui est cordonnier, puis devient en 1975 apprenti chez un photographe.
À 13 ans, il ouvre un premier studio « Studio National » qui a pour devise  « Avec Studio National, vous serez beau, chic, délicat et facile à reconnaître »
Plus tard, il crée un autre studio à Miskine, un quartier de Bangui. 

Encore une fois en 2014 il fuit la guerre civile en Centrafrique et se réfugie à Paris. Sa maison de Bangui est pillée et brulée, c’est plus de 15000 clichés et négatifs qui sont perdus ou endommagés. Des journalistes étrangers réussissent à sauver une partie de ses négatifs.
Il réside désormais au Nigeria avec sa femme et ses quatre enfants.
Samuel Fosso est un être plutôt solitaire qui disait : « On ne peut pas redresser un vieil arbre, sinon il casse, et je n’ai pas envie d’être cassé ». « J’ai eu une éducation difficile, j’ai été très contrôlé, j’ai appris ce qui est bien, ce qui est mal. Mon grand-père disait : “C’est mieux de connaître son ennemi, non pour lui faire du mal, mais pour l’éviter.” « Je n’ai jamais été convoqué par la police. J’ai horreur d’être blâmé. Je recherche la paix et la tranquillité ».

Samuel Fosso commence à travailler très tôt sur l’autoportrait, une pratique artistique qui sera constamment mise en œuvre par la suite. C’est avec les restes des pellicules de ses clients qu’il débute en se mettant en scène dans des rôles ou poses variées et en 1970, il montre son attrait pour les chanteurs américains.
En 1993, le photographe Bernard Descamps découvre son travail et l’expose à Bamako en 1994, aux « Rencontres de la photographie africaine » ce qui contribue à sa renommée puisqu’il obtiendra le premier prix.
Vincent Godeau, un spécialiste de la photo africaine relève le charme des photos de Samuel qui déclarait :  » il a le goût du jeu, il est excentrique ce qui est surprenants dans une société africaines qui formate le plus souvent les individus.
En 1995, il expose au festival Africa à Londres, puis à Paris, au Centre national de la photographie.

En 1997, avec Seydou Keita et Malick Sidibé qui sont maliens, Samuel Fosso est invité à Paris par les magasins Tati pour participer à sa campagne publicitaire. Sur le boulevard Rochechouart, dans le XVIIIe arrondissement, une tente studio est dressée où n’importe qui peut s’y faire photographier. C’est la photographie de rue en version africaine. Il se dédouble à l’infini en multipliant les rôles de composition : marin, pirate, joueur de golf, garde du corps, chef africain, femme africaine libérée ou bourgeoise fatale. Ces multiples travestissement lui permettent d’adresser des critiques aux sociétés occidentales et africaines. Une de ses œuvres intitulée Le chef (qui a vendu l’Afrique aux colons) fait explicitement allusion à l’ »ex-roi » du Zaïre Mobutu. Il a toujours revendiqué une autonomie artistique sous la présidence de Bokassa. « J’utilise mon corps pour divertir, pour dire que chacun peut faire ce qu’il veut. Le monde n’a pas été construit pour un seul modèle. Mon grand-père aurait souhaité que je devienne guérisseur, comme lui, mais quand il est mort, en 1971, j’étais trop jeune pour reprendre le flambeau. Avec la photographie, je communique mes pensées ».
Sa photographie établit des liens ténus avec le continent africain. Il a aussi créé une série en hommage à Tala, un ami sénégalais tué par les militaires centrafricains ( » Mémoire d’un ami « , 2000). Une série est dédiée à son grand-père, Agwu Okoro, qui l’a guéri d’une paralysie partielle lorsqu’il avait 4 ans (« Le rêve de mon grand-père », 2003).
En 2005, il a participé à l’exposition d’art contemporain Africa Remix  qui s’est tenue au Centre Pompidou et en 2008 il a exposé aux Rencontres d’Arles.

Toujours en 2008, à Paris, dans la galerie de son marchand Jean-Marc Patras, Samuel Fosso met en scène la série « African Spirits ». Devant l’objectif de son Hasselblad (numérique), il emprunte plusieurs identités : celles des grands leaders des Indépendances Africaines, du Mouvement des Droits Civiques aux États-Unis : Cette série comporte 14 portraits en noir et blanc, assez guindés, très classiques, style Harcourt. « Comme dans toutes mes œuvres, je suis à la fois le personnage et le metteur en scène. Je ne me mets pas moi-même dans les photographies : mon travail est basé sur des situations spécifiques et des personnages avec qui je suis familier, des choses que je désire, que j ’élabore dans mon imagination et, qu’ensuite j’interprète. (…) Je porte la vie des autres, ce n’est pas du déguisement, c’est l’histoire du malheur et de la souffrance. J’ai voulu commémorer ceux qui ont lutté pour les droits des Noirs, ceux qui ont eu le courage d’affronter l’avenir. Je l’ai fait pour que leur image ne soit pas oubliée, et qu’ils entrent dans l’histoire visuelle de l’Afrique à travers ma propre image » précise Samuel Fosso.

Il excelle dans la maîtrise de la métamorphose et du déguisement sur un ton décalé et un esthétisme très étudié. Samuel Fosso se met en scène et dévoie les codes du théâtre pour présenter une création unique éloignée sur le fond et la forme de la production africaine contemporaine. Le choix de l’autoportrait pourrait traduire une forme de narcissisme, mais ce choix formel peut en plus présenter des contradictions selon les représentations en prenant des dimensions et des formes diverses. Le singulier traduit en fait du collectif.
Samuel Fosso passe de cette pseudo-affirmation de soi à la domination d’un « nous ».

Les autoportraits de Samuel Fosso sont présents dans les collections des plus grands musées du monde : la Tate Modern à Londres, le Centre Georges Pompidou et le musée du Quai Branly, à Paris. Sa série « L’empereur d’Afrique » a été présentée en 2013 à la troisième édition de Lagos photo, un festival annuel qui rassemble de grands noms de la photographie.
Cinq autoportraits de lui travesti en Mao Tse-Tooung permettent de s’interroger sur les relations entre la Chine et l’Afrique.
En 2014, Samuel Fosso expose à la Fondation Zinou de Cotonou.
La Maison européenne de la photographie lui consacre une rétrospective en 2021.
Voilà mes amis(es) un artiste hors du commun qui nous laisse des portraits qui nous interpelle. C’est sur ces paroles que je vous abandonne, je vous souhaite à toutes & tous une agréable fin d’après midi et un bon début de soirée.
Les images posées sur cet article ne sont pas ma propriété, ni celles du site
Paola De Souza

A propos Paola

Mon pseudo "Kaki Sainte Anne" Ecrivaine, mais je suis Béatrice Vasseur et je signe tous mes articles ici sous le nom de "Paola" mon second prénom
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