La Cour de justice de l’Union européenne se penche, depuis mardi 2 mars 2021, sur la légalité d’accords commerciaux entre l’Europe et le Maroc qui incluent le territoire et les eaux du Sahara occidental.
Trois ans après un premier arrêt favorable aux indépendantistes du Front Polisario, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) se penche une nouvelle fois, depuis mardi 2 mars, sur le dossier du Sahara occidental.
L’audience devant la 9e chambre de la CJUE au Luxembourg répond à un recours déposé en avril 2019 par le mouvement indépendantiste qui dénonce l’accord de pêche signé, trois mois auparavant, par Bruxelles et Rabat. Un accord qui permet au Maroc d’exporter des produits issus des eaux adjacentes au « territoire non autonome » du Sahara occidental.
Pour le Front Polisario, le but de la démarche est de stopper le pillage des ressources naturelles
de l’ancienne colonie espagnole qu’il revendique : Principalement l’agriculture d’exportation, le phosphate, la pêche et le tourisme
, explique son avocat, Gilles Devers.
435 millions d’euros de produits issus du Sahara occidental
Déçu par les négociations de paix quadripartites (Maroc, Polisario, Algérie et Mauritanie), menées sous les auspices de l’Onu et suspendues depuis le printemps 2019, le Front Polisario s’oppose aux facilités d’accès au marché européen
qui contribuent, selon lui, au maintien de la colonisation
marocaine. Nous restons sur les mêmes bases juridiques qu’en 2018, indique Me Devers : l’absence de souveraineté du Maroc, le droit à l’autodétermination et la représentativité du Front Polisario en sa qualité de mouvement de libération nationale.
L’enjeu financier n’est pas négligeable : en 2019, le Maroc a exporté vers l’Europe pour près de 435 millions d’euros de produits issus du Sahara occidental, essentiellement du poisson, selon un document publié en décembre par la Commission.
Des entreprises se retirent
En retour, l’Europe verse une contribution de 52 millions d’euros à Rabat dont près de 12 millions correspondent aux licences de pêche de quelque 128 navires européens. Leurs prises sont estimées à près de 85 000 tonnes par an, dont près de 90 % dans les eaux du Sahara occidental.
La Commission européenne affirme qu’avec ces accords, elle contribue au maintien, voire à l’augmentation du taux d’emploi
au Sahara occidental et donc à atténuer la pression migratoire surtout en temps de crise
. Le délibéré de la CJUE ne sera pas connu avant plusieurs mois, probablement en juin.
Reste que certaines entreprises se sont déjà ralliées aux arguments du Polisario. Selon l’ONG Western Sahara Resource Watch, deux fournisseurs importants des mines de phosphates exploitées par le Maroc au Sahara occidental ont annoncé leur retrait en février : l’Allemande Continental et la suédoise Epiroc.
(Source : Ouest-France – Stéphane GALLOIS.Publié le 02/03/2021 à 17h59)
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Paola