Mal élu et décrié, le président Tebboune est entré en fonction ce jeudi
Le nouveau président algérien est entré en fonction ce jeudi en prêtant serment lors d’une cérémonie officielle à Alger. Élu au 1er tour le 12 décembre, Abdelmadjid Tebboune succède ainsi à Abdelaziz Bouteflika, dont il fut le Premier ministre, contraint à la démission en avril par un mouvement populaire de contestation du régime qui agite l’Algérie depuis dix mois.
Vainqueur mal élu de la présidentielle contestée du 12 décembre en Algérie et considéré comme illégitime par le puissant mouvement de contestation, Abdelmadjid Tebboune est entré en fonction au matin de ce jeudi 19 décembre 2019, après avoir prêté serment lors d’une cérémonie solennelle.
Main droite sur le Coran, Tebboune a prononcé la longue formule prévue par la Constitution, jurant notamment de respecter et de glorifier la religion islamique, de défendre la Constitution, de veiller à la continuité de l’État, mais aussi d’agir en vue de la consolidation du processus démocratique, de respecter le libre choix du Peuple.
Ce serment une fois prononcé, devant les représentants des institutions et les plus hauts dignitaires de l’État, a marqué son entrée officielle en fonction. Abdelmadjid Tebboune succède ainsi à Abdelaziz Bouteflika, contraint à la démission en avril, après 20 ans à la tête de l’État, par un mouvement (« Hirak ») de contestation populaire massif du régime.
Abdelkader Bensalah, président de la Chambre haute depuis 2002, a assuré l’intérim depuis, conformément à la Constitution, mais bien au-delà du délai de trois mois prévu par le texte.
Âgé de 74 ans, Abdelmadjid Tebboune est un ancien fidèle de Bouteflika, dont il fut ministre, puis brièvement Premier ministre, avant d’être limogé au bout de trois mois et d’entrer en disgrâce. Mais pour le Hirak, ce fonctionnaire de carrière et authentique apparatchik, reste un représentant du système qui dirige le pays depuis son indépendance en 1962 et dont il veut se débarrasser.
es 58,13 % des suffrages recueillis dès le 1er tour cachent mal le fait que Tebboune n’a été élu que par 20 % des inscrits : catégoriquement rejetée par le Hirak l’élection a enregistré la plus faible participation (39,88 %) de toutes les présidentielles pluralistes de l’histoire du pays.
Des chiffres en outre jugés truqués par le Hirak et douteux par de nombreux analystes.
Il va devoir gérer une contestation inédite et toujours extrêmement massive au bout de dix mois, qui n’exige rien d’autre que le démantèlement total du système et le départ de tous ses représentants, des revendications catégoriquement rejetées par le haut commandement militaire, pilier du régime qui assumait ouvertement la réalité du pouvoir depuis le départ de Bouteflika.
Dès l’annonce de sa victoire, Abdelmadjid Tebboune a dit « tendre la main au Hirak » , l’invitant à un dialogue pour une Algérie nouvelle et promettant notamment une révision profonde de la Constitution pour donner naissance à une nouvelle République.
Le Hirak, lui, a opposé une fin de non-recevoir dans la rue quelques heures plus tard, affirmant considérer Tebboune illégitime et refuser que le système se charge de se réformer lui-même.
Abdelmadjid Tebboune a également promis à la jeunesse – épine dorsale du Hirak, dans un pays où les moins de 30 ans représentent plus de 53 % de la population – un nouveau gouvernement comptant dans ses rangs des ministres jeunes ne dépassant pas les 26 et 27 ans.
S’il respecte la tradition, le nouveau président devrait annoncer dans la foulée de son serment le nom du Premier ministre chargé de lui proposer un gouvernement. Le choix va être délicat et le passé et la personnalité de celui-ci sera scrutée à la loupe par le Hirak.
En mars, le choix par Bouteflika de son fidèle ministre de l’Intérieur Noureddine Bedoui pour remplacer l’impopulaire Ahmed Ouyahia, limogé pour tenter de calmer la contestation, n’avait fait que renforcer la détermination des manifestants. Bedoui, qui avait lui aussi promis un gouvernement renouvelé et rajeuni, avait peiné 20 jours – un record en Algérie – pour constituer, en piochant largement au sein des cadres de ministères, une équipe finalement assez éloignée des engagements affichés. Quoi qu’il en soit, il est peu probable que quelques gestes symboliques suffisent à calmer une contestation extrêmement déterminée.
La situation est pourtant urgente : l’incertitude politique et les enquêtes judiciaires ayant envoyé sous les verrous d’importants hommes d’affaires, accusés d’avoir profité illégalement de leurs liens avec l’entourage d’Abdelaziz Bouteflika, ont aggravé une situation économique déjà difficile.
Incapable de diversifier son économie, l’Algérie souffre depuis plusieurs années des faibles cours des hydrocarbures, dont les recettes assurent l’essentiel de ses entrées de devises et une part très importante de son budget. Ce qui pourrait conduire Abdelmadjid Tebboune à devoir prendre des décisions impopulaires. ( source ouest france)
Sur ce je vous souhaite à toutes & tous une excellente soirée entourés(es) des personnes que vous aimez. Paola