L’Egypte a adopté en 2017 une loi punissant de trois ans de prison ferme et d’amendes toute personne pratiquant des transplantations illégales.
Mais les enquêtes sont rarement ouvertes, d’autant que les chirurgiens qui effectuent ces opérations et les hôpitaux en question sont réputés. Un professeur d’urologie raconte : » Il y a une offre bien supérieure à la demande. L’équation est simple : les donneurs sont majoritairement des gens pauvres, les receveurs des gens riches. Avec plus de 60 % de la population qui vit en deçà du seuil de pauvreté et plusieurs centaines de milliers de migrants clandestins, trouver des organes est d’une grande simplicité « .
De plus en réalité, vendre ses organes est facile, surtout au Caire où les autorités se servent de la religion ! Selon l’Organisation mondiale de la santé, l’Egypte serait un des pays les plus touchés par les transplantations illégales, après la Chine, les Philippines et l’Inde. En cause, une législation qui interdit tous les prélèvements d’organes, et notamment sur les morts, pour des raisons culturelles et religieuses qui fait qu’un cadavre n’est pas dénaturé.
Néanmoins il est facile de contourner la loi. Il suffit d’aller dans un commissariat et de signer une déclaration certifiant qu’on donne un organe par amour de Dieu. Ce document sera alors tamponné par la police et constituera une preuve de la bonne foi du donneur.
Fort de ce papier, il peut ensuite vendre son organe en se faisant opérer dans l’un des très nombreux hôpitaux et cliniques qui pratiquent ouvertement ces transplantations.
Quelques clics parfois suffisent pour se connecter sur l’une des nombreuses pages spécialisées sur les dons d’organes sur Facebook.
« Donne rein. Contre rémunération. Groupe sanguin A+ », peut-on lire, avec un numéro de téléphone. Ensuite l’offre et la demande se font téléphoniquement et l’acheteur pourra payer en 8 et 10 mille €. Au Caire, plusieurs établissements (militaires ou universitaires) et cliniques privées ont pignon sur rue et pratiquent couramment ce genre d’intervention dans la plus totale illégalité.
On fait payer les riches pour avoir un nouveau rein ou un nouveau foie, on promet au donneur de belles sommes, dont ils ne voient pas la moitié mais ils ne peuvent pas aller se plaindre, surtout si ce sont des migrants qui la plupart du temps n’ont pas de papiers. De plus le suivit médical est inexistant, quelques antalgiques contre la douleur et basta ! Les autorités égyptiennes démantèlent régulièrement des réseaux, mais cette pratique est tellement organisée et répandue, et les besoins sont tels qu’il n’est pour l’instant pas possible d’en venir à bout. Mais actuellement, les gens désespérés, les pauvres, les migrants deviennent des magasins de pièces de rechanges pour les gens riches, c’est l’injustice sociale dans toute son horreur. Il est juste navrant de voir ces pratiques devenir courantes parce que l’on joue sur la misère humaine ! Paola (Source Libération)