Sur fond de rivalité entre Patrice Talon et son prédécesseur Boni Yayi, de violentes échauffourées qui frappent le bénin depuis plusieurs jours ont provoqué la mort de plusieurs personnes samedi 15 juin. En effet, l’armée et les manifestants s’affrontent dans le centre du pays sur fond de crise politique. Une trentaine de policiers ont également été blessés, dans les violences qui provoquent la panique totale dans le centre du pays.
Les faits sont survenus samedi matin, alors que les forces de sécurité tentaient de déloger des opposants qui ont dressé des barricades et bloqué la route nationale depuis mardi. Deux personnes ont été tuées samedi à Savè, et on craint d’autres morts à Tchaourou, commune d’origine de l’ancien chef de l’Etat Boni Yayi, un peu plus au nord.
Il faut dire que les violences ont éclaté dès mardi à Tchaourou après l’arrestation de deux personnes, accusées de violences électorales lors des législatives du 28 avril dernier. Les populations, qui se sont soulevées contre ce qu’elles qualifiaient d’arrestations arbitraires, ont donc bloqué la route nationale, artère économique de ce petit pays d’Afrique de l’Ouest.
Après des jours d’affrontements entre opposants armés et forces de l’ordre, le ministre de l’intérieur, Sacca Lafia a annoncé vendredi qu’une trentaine de policiers avaient été blessés par des tirs de fusils artisanaux ou à l’arme blanche.
Les habitants de Tchaourou, qui n’ont pas fui vers les campagnes ont fait état de plusieurs morts par balles et de blessés graves, mais sans pouvoir donner de bilan précis.
Les violences se sont ensuite propagées jeudi à Savè, à une centaine de kilomètres plus au sud, lorsque les populations ont voulu empêcher le passage d’un contingent de la police allant en direction de Tchaourou.
La journée de vendredi a été très tendue avec à nouveau des échanges de tirs entre policiers et des individus masqués samedi matin a affirmé le maire de Savè, Timothée Biaou en déclarant que les sept civils avaient été reçus à l’hôpital et qu’il y a aussi eu deux morts.
Un témoin explique que samedi matin, il y a eu deux morts : le premier était un taxi moto qui a été tué vers 10 heures, et le deuxième, un adolescent, qui était allé faire une course .
La route a été débloquée, beaucoup de gens ont fui, les autres sont rentrés chez eux, a ajouté ce témoin qui n’a pas voulu dévoiler son nom.
Dans cette commune moyenne du centre du Bénin, les rues étaient désertes, le marché vide, les boutiques et commerces fermés. La route a finalement été rouverte en fin de journée, samedi, mais les accès restaient minés de fétiches vaudous toujours selon ce témoin.
Cette région est un bastion de l’ancien président Boni Yayi, dont le domicile à Cotonou est toujours encerclé par les forces de l’ordre depuis les manifestations post-électorales des 1er et 2 mai.
Le pays est en proie à une crise politique depuis les élections législatives du 28 avril, auxquelles l’opposition n’avait pas été autorisée à présenter de candidats pour des raisons administratives. L’ancien président avait appelé la population à se soulever en signe de protestation et appelé le chef de l’Etat, Patrice Talon, a annulé le processus électoral.
Les 1er et 2 mai, des centaines de personnes s’étaient rassemblées autour du domicile de Boni Yayi à Cotonou, craignant qu’il ne soit arrêté. La répression des manifestations par l’armée avait déjà fait au moins quatre morts par balles selon Amnesty International et de nombreux blessés à travers le pays. Des ONG de défense des droits humains ont dénoncé le tournant autoritaire du président Patrice Talon, élu en avril 2016, dans un pays qui a longtemps été considéré comme un modèle de démocratie en Afrique de l’Ouest. Paola
