De dilatoire en dilatoire, Fatou Bensouda a réussi à retarder la remise en liberté de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, pourtant acquittés par la Chambre de première instance. Mercredi 16 janvier, à l’unanimité des trois juges de cette chambre, la Cour a rejeté le maintien en détention des deux hommes. Mais tard dans la nuit, le Bureau du Procureur a interjeté un nouvel appel. Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé sont désormais sous la garde de la CPI. Leur libération est donc retardée.
Le greffe de la Cour devra geler les contacts diplomatiques entamés pour trouver une terre d’accueil pour Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé. A l’audience de la journée de mercredi 16 janvier, l’ancien président ivoirien, son ministre de la Jeunesse et leurs avocats ont accepté de signer un document pour donner l’assurance à la Cour qu’ils se présenteraient de nouveau devant elle si nécessaire.
C’était à la fin de l’audience, la seule exigence de la Chambre pour libérer les deux hommes
Nouvel appel qui retarde la libération de Gbagbo
Nouveau rebondissement en fin de journée. Malgré leur acquittement ce mardi 15 janvier, puis le rejet de la requête de maintien en détention du Procureur, Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé vont retourner dans leurs cellules respectives du Pénitencier de Scheveningen, près de La Haye. Tard dans la nuit de ce mercredi 16 janvier, le Procureur a déposé un nouvel appel après le rejet de sa demande de maintien en détention des deux hommes. Une procédure qui retarde à nouveau leur libération.
Évoquant un «risque de fuite» pour une éventuelle poursuite du procès, la Procureure a demandé à la Cour de retenir les deux hommes derrière les grilles de Scheveningen, le temps qu’elle examine dans le détail les motivations du verdict en acquittement prononcé ce mardi 15 janvier par la Chambre de première instance. Pour l’heure, Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé, acquittés donc théoriquement libres, sont considérés « sous la garde» de la CPI, le temps que la procédure d’appel soit évacué.Ce jeudi 17 janvier, les avocats de Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé devront parvenir encore leurs arguments à la Chambre d’appel de la CPI. En urgence, cette chambre de cinq juges devra se prononcer sur la totalité de la procédure visant les deux hommes, sans remettre en cause leur acquittement. En cas de rejet de la demande du Bureau du Procureur, les contacts diplomatiques du greffe de la Cour pourraient être dégelés pour trouver une terre d’accueil pour Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé.
Fatou Bensouda, opiniâtre jusqu’au bout, Mamadou Touré, le ministre de la Promotion de la jeunesse et porte parole du RHDP a confié à nos confrères de RFI que la Belgique serait favorable à accueillir Laurent Gbagbo sur son sol où vit son épouse Nadiana Bamba. «Tout retour de Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire, sera envisagé à partir de discussions avec le président de la République, Alassane Ouattara», complète le ministre. En son absence, Laurent Gbagbo a été condamné en janvier 2018 dans l’affaire «du casse de la BCEAO», le braquage de plusieurs banques du pays lors de la crise post-électorale de 2010.
Dans tous les cas, ce nouvel appel n’est pas sans rappeler l’opiniâtreté de Fatou Bensouda à poursuivre un procès que son Bureau a perdu d’évidence. A l’ouverture du procès, elle avait indiqué qu’elle était déterminée à poursuivre ses enquêtes dans les deux camps des protagonistes de la crise post-électorale ivoirienne. Ira-t-elle jusqu’au bout de sa logique? Bien malin, celui qui détient la réponse exacte.