Les résultats de l’élection présidentielle en République démocratique du Congo se font attendre et une série de « plénières » a commencé ce mardi soir. Les résultats pourraient être proclamés d’ici « 24 à 48 heures ». La tension est remontée d’un cran.
Les résultats provisoires de l’élection présidentielle en République démocratique du Congo pourraient être annoncés d’ici « 24 à 48 heures », a indiqué mardi soir la Commission électorale, après avoir annoncé le début de ses délibérations. C’est un travail colossal qui ne peut pas se terminer en quelques heures », a déclaré à l’AFP le président de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) Corneille Nangaa.
« La Céni compte consacrer entre 24 et 48 heures à ce travail. C’est à l’issue de ce délai que la Céni va programmer la proclamation des résultats provisoires de la présidentielle », a-t-il ajouté. Les habitants de la capitale dans l’attente
« L’assemblée plénière de la Céni a entamé, ce mardi 8 janvier 2019 depuis 19 h, une série de plénières d’évaluations et de délibérations à l’issue desquelles elle procédera à la publication des résultats provisoires de l’élection présidentielle », avait indiqué la Céni dans un Tweet à 20h42 (19h42 GMT). La circulation sur le boulevard du 30-Juin devant la Céni a été bloquée par des policiers armés mardi soir après cette annonce, a constaté un photographe de l’AFP.
Dans l’après-midi, des habitants de la capitale ont pris d’assaut plus tôt que d’habitude les transports collectifs sur la foi de la rumeur d’une proclamation imminente des résultats provisoires. Trois principaux candidats en liceLa Céni avait renvoyé dimanche sine die l’annonce des résultats provisoires de l’élection présidentielle du 30 décembre qui doit désigner le successeur du président Joseph Kabila. Trois principaux candidats sont en lice, le dauphin et candidat du pouvoir, l’ex-ministre de l’Intérieur sous sanctions de l’Union européenne Emmanuel Ramazani Shadary, et les deux opposants Martin Fayulu et Félix Tshisekedi.
De nombreuses voix ont demandé à la Céni de proclamer « la vérité des urnes », comme la Conférence épiscopale qui affirme depuis plusieurs jours connaître le vainqueur. Mardi, M. Fayulu a lancé sa propre mise en garde : « Les résultats électoraux ne se négocient point ». Comme la Conférence épiscopale, il affirme que « le peuple congolais connaît déjà le résultat » et « le véritable vainqueur de l’élection présidentielle ». L’UDPS de l’opposant Félix Tshisekedi a aussi mis en garde « la Céni contre toute conspiration qui modifierait l’expression de la volonté du souveraine primaire ».
La principale dénomination protestante, Eglise du Christ du Congo, a demandé à la Céni de tenir « ses promesses, faites devant Dieu et devant la nation, d’offrir à la nation la vérité et rien que la vérité des urnes ». Le chemin vers la vérité passe par les 179 Centres locaux de compilation des résultats (CLCR) où sont traités les résultats des bureaux de vote, avant de remonter à la Céni. Dans 92% des CLRC, les résultats compilés des procès-verbaux de dépouillement n’ont pas été affichés à l’extérieur », a relevé l’ONG d’observation électorale Symocel.
La journée a été marquée par la main tendue de l’UDPS au président sortant Joseph Kabila. Son secrétaire général, Jean-Marc Kabund, n’a pas démenti des « rumeurs faisant état d’un rapprochement entre le président sortant » et Félix Tshisekedi, le candidat de l’UDPS.
M. Kabund a déclaré que Félix Tshisekedi était « pressenti gagnant » de l’élection présidentielle. M. Tshisekedi et le président sortant Joseph Kabila ont donc « intérêt » à se rencontrer, « pour préparer la passation pacifique et civilisée du pouvoir », a-t-il ajouté.
M. Tshisekedi avait lui-même estimé que le président Kabila pourrait « vivre tranquillement dans son pays, vaquer à ses occupations » s’il quittait le pouvoir. Un jour nous devrons même songer à lui rendre hommage pour avoir accepté de se retirer. Pourquoi, compte tenu de son expérience, ne pas lui confier des tâches diplomatiques spéciales, faire de lui un ambassadeur extraordinaire du Congo ? », avait-il dit au journal belge Le Soir.
Cet entretien avait relancé la machine à rumeurs sur de possibles négociations entre l’UDPS et le pouvoir pour faire barrage à l’autre candidat de l’opposition, Martin Fayulu.
Très confiant en sa victoire, M. Fayulu est soutenu par l’ancien gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi, considéré comme un « Judas » par le président Kabila, et l’ex-chef de guerre et ex-vice-président, Jean-Pierre Bemba. Mardi, un porte-parole de la Majorité pro-Kabila, Alain Atundu, a eu des mots très durs envers la coalition politique Lamuka formée autour de M. Fayulu, sans jamais attaqué Félix Tshisekedi. Au pouvoir depuis 18 ans, le président Kabila a renoncé a briguer un troisième mandat, interdit par la Constitution. Des élections législatives et provinciales ont également eu lieu le 30 décembre. (Source Ouest France)