ÉPERVIER : DES CADRES DU MINADER ECOPENT LA PRISON À VIE –
La juridiction d’exception a prononcé à l’encontre de certains responsables du ministère de l’Agriculture des peines allant jusqu’à la perpétuité. Ils étaient poursuivis pour des détournements et complicité de détournements des fonds publics perpétrés par le biais des marchés fictifs sous le règne d’Augustin Frédéric Kodock de regrettée mémoire.
Le 1er octobre 2018, l’ambiance était lourde dans la salle d’audience du Tribunal criminel spécial (TCS) lors de la lecture quatre heures durant, du verdict relatif à l’affaire des marchés fictifs ayant entraîné une perte de 267 millions de francs au ministère de l’Agriculture. Sur les douze personnes poursuivies dans le cadre de ce procès, seul Moïse Albert Njambé, opérateur économique et principal accusé a bénéficié de l’extinction de l’action publique (arrêt des poursuites judiciaires) du fait de son décès intervenu au cours de la procédure. Tous les autres ont été jugés coupables des accusations de détournement de fonds publics et co-action dudit détournement.
Cinq personnes invisibles sur le banc des accusés de la juridiction tout au long du procès écopent d’une condamnation à vie. Il s’agit de :
– Jean Jacques Etame Akoulong
– Raymond Mvoubo
– Siméon Massimb
– Jean Michel Mpe et
– Berthold Dibengue. Un mandat d’arrêt a été décerné à leur encontre. Quant à celles qui ont tenté de se justifier des accusations, elles s’en sortent avec des peines allant de 10 à 12 ans d’emprisonnement.
Dans ce bloc, Alain Cyrille Aba Mvondo, ex coordonnateur du projet banane incriminé qui jusque-là comparaissait libre, absent le jour du verdict écope de 12 ans de prison.
Les accusés :
– Athanase Sila Nke
– Ndjana Ebode
– Frédéric Ollé Mvele
– Rita Etombi et
– Georges Mboge, tous incarcérés à la prison centrale de Yaoundé- Kondengui prennent chacun dix ans de prison ferme. Ils sont solidairement condamnés à verser 318 millions de francs à l’Etat en guise de réparation et environ 17 millions de francs au titre de frais de justice générés par la procédure (dépens).
L’affaire qui vient de connaître son dénouement devant le TCS, opposait le ministère de l’Agriculture et du Développement rural (Minader) à certains de ses agents agronomes et comptables et des opérateurs économiques. Tous répondaient de l’infraction de détournement de deniers publics, en co-action pour d’autres. Des faits ayant induit une sortie qualifiée d’«injustifiée» de 267 millions de francs des caisses de l’Etat au cours de l’exercice budgétaire 2003-2004 sous le règne de M. Kodock Augustin Fréderic de regrettée mémoire, épargné des poursuites jusqu’à sa mort intervenue en 2011.
Tout est parti d’une plainte déposée courant 2006 devant le procureur près le TGI du Mfoundi par le successeur de M. Kodock au Minader.
La démarche judiciaire ciblait des prestataires de service adjudicataires de marchés publics non ou partiellement réalisés, mais curieusement payés en intégralité. Le premier segment du dossier concerne deux marchés publics portant l’un sur la fourniture de 260 atomiseurs et évalué à 84,2 millions de francs. L’autre marché concernait la fourniture de 253,125 sachets de l’insecticide «Actara» chiffré à 88,7 millions de francs. L’information claire et nette. Soit une enveloppe globale de 172,9 millions de francs, attribuée le 29 novembre 2002 de gré à gré à deux entreprises dénommées «Import-Export» et «Eurafric Business». Les deux établissements ayant pour promoteur un certain Moïse Albert Njambe, sans existence légale, selon le juge d’instruction.
Les collaborateurs de l’ancien Minader étaient accusés d’avoir prêté main forte à la manœuvre en paraphant des documents ayant servi aux payements querellés sans la contrepartie attendue. Tous ont indexé le défunt ministre comme étant celui qui avait donné les ordres à ses collaborateurs pour valider les paiements. Vainement. Cet argumentaire n’a pas prospéré au TCS. (Source – Camerounweb.com)