L’ouvrage de Patrice Nganang rédigé après son voyage dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest en proie, depuis octobre 2016, à une crise sociopolitique qui s’est muée au fil de temps en guérilla vient d’être interdit par les autorités camerounaises.
« La révolte anglophone », ouvrage de 260 pages publié aux éditions Teham, vendu à 10 euros (plus de 6.500 francs CFA), dont la sortie officielle avait été programmée pour le 30 mai 2018 ne sera finalement pas commercialisé sur l’ensemble du territoire camerounais. Rappelons qu’il s’agissait là du premier livre écrit en français et publié par un auteur camerounais sur la crise en zone anglophone.
Patrice Nganang a déclaré que les fruits de la vente du livre seraient entièrement affectés à l’aide humanitaire des réfugiés anglophones. L’éditeur avait indiqué que l’ouvrage répondait à trois préoccupations: sensibiliser, créer une chaîne de solidarité et susciter la réflexion sur une «réelle alternative» dans la crise anglophone !
En son temps, Enoh Meyomesse, poète, romancier, essayiste, historien, et homme politique camerounais En novembre 2011, de retour d’un voyage à Singapour, il a été arrêté à l’aéroport de Yaoundé à sa descente d’avion par la gendarmerie camerounaise. Il a été ensuite déporté de nuit à Bertoua à l’Est du pays, après avoir subi un interrogatoire musclé au siège de la gendarmerie nationale à Yaoundé. En décembre 2012, il a été condamné sans preuve et sans témoin par le tribunal militaire de Yaoundé, à une peine de 7 ans ferme ! En janvier 2013, il a été Lauréat du Prix de la liberté d’expression d’Oxfam 2013, à La Haye aux Pays-Bas, pour son recueil de poésie, « Poème carcéral, poésie du pénitencier de Kondengui ». Ce prix est décerné à des écrivains ou à des journalistes qui subissent des persécutions et qui ont dû fuir.
Il a obtenu pendant ses années de détention le soutien de nombreux écrivains dont Alain Mabanckou qui ont décidé de porter son affaire devant la Commission des droits de l’homme des Nations unies ! Après avoir subi 40 mois d’emprisonnement, il a été libéré le 27 avril 2015. Enoh Meyomesse a publié une quinzaine d’ouvrages, dont » Le massacre de Messa » en 1955 (2010) et un « Discours sur le tribalisme » très critique vis-à-vis de la politique africaine.
Il y a eu aussi Mofor Ndong, 31 ans, journaliste et directeur du journal Voice of voiceless (« la voix des sans-voix »),J’y ai passé deux cent trois jours et je ne le souhaite à personne, même pas à mon pire ennemi si j’en ai un. Mais je continuerai à me battre pour mes frères et sœurs anglophones », j’ai été accusé de “terrorisme”. Nous étions jugés au tribunal militaire de Yaoundé, jusqu’au décret du président de la République.
Mais au Cameroun, ce n’est pas la première fois qu’un écrivain ou un artiste est bridé voire emprisonné pour ses idées ou ses vérités ! Notre ami Kap en a fait les frais, ses deux singles » Allez vous en & Girouette Président » qu’on peut trouver sur Youtube, avaient été interdits de diffusion au Cameroun, parce que trop engagés politiquement ! ET il y a tous les autres journalistes, écrivains, ou chanteurs, que je ne peux nommer ici, ils sont des centaines, emprisonnés sous des prétextes futiles, allant de complot, à vol qualifié ou tentative d’assassinat sur la personne du chef de l’état !
Au Cameroun, Paul Biya emprisonne et libère à sa guise les contestataires anglophones, et surtout pratique avec un art digne de Machiavel l’adage : » DIVISER POUR RÉGNER » parce qu’il ne veut surtout pas que la vérité soit dévoilée, mais le monde doit savoir ! Et nous sur le site, malgré les menaces, les intimidations, ou des offres financières alléchantes, nous continuerons de dénoncer, de dire les choses, car nous ne sommes pas à vendre ! La liberté d’expression est un droit et ne rien dire c’est cautionner les atrocités qui se passe sur le sol camerounais ! Que Dieu protège le peuple camer ! Paola