Les Égyptiens sont appelés aux urnes du 26 au 28 mars pour le premier tour de l’élection présidentielle. Il y a seulement deux candidats en compétition, dont le président sortant Abdel Fattah al-Sissi. Le résultat est connu d’avance. Au pouvoir depuis le coup d’État militaire de 2013, l’ex-maréchal va écraser son unique « opposant » à la présidentielle. Au pays du Printemps arabe, l’opposition est bâillonnée.
Médias aux ordres, procès inéquitables, tortures, disparitions forcées… « La répression est sans précédent et bien pire que sous Moubarak », assure Amr Magdi, de l’ONG Human Rights Watch. Surtout, la répression qui ciblait les islamistes après le renversement du président frère musulman Mohamed Morsi en juillet 2013, frappe désormais tout le monde. Y compris ceux qui avaient applaudi, au nom des libertés, le coup d’État militaire.
Sissi a prévenu dès sa première élection en 2014 : « Parler des libertés ne doit pas primer sur la sécurité nationale. » Une position partagée par une partie des Égyptiens, encore traumatisés par le chaos post-révolutionnaire. Ceux-là iront voter. Pour Sissi, la priorité est le redressement de l’économie, en crise depuis la révolution de 2011. Une politique de grands travaux a été lancée, financée par un prêt du Fonds monétaire international. Mais en échange, il a fallu laisser filer la livre égyptienne (donc laisser gonfler l’inflation), tailler dans les subventions de l’énergie (donc augmenter les prix), créer une TVA… Résultat : le budget de l’État va mieux, mais le tiers d’Égyptiens sous le seuil de pauvreté vit encore plus mal.
Dans le Sinaï, même avec le soutien discret de l’aviation israélienne, l’armée égyptienne ne parvient pas à réduire l’insurrection islamiste, qui s’est rangée sous la bannière du groupe État islamique. L’assurance tout risque de Sissi, c’est d’abord l’armée égyptienne, aux manettes depuis 1952. Derrière le Président en costume, on trouve les généraux du Conseil supérieur des forces armées. Sissi peut aussi compter sur le soutien de ses traditionnels et riches alliés du golfe : l’Arabie Saoudite et les Émirats Arabes Unis. Tant pis si les États-Unis ont pris un peu de distance sous la présidence Obama, pour cause de violations des droits de l’Homme : l’Égypte restera soutenue par l’Occident, à commencer par la France. La stabilité du plus peuplé des pays arabes (96 millions d’habitants), coincé entre le chaos libyen et la guerre en Syrie, n’a pas de prix. (Source OuestFrance)