Béatrice Huret a été jugé hier mardi 27 juin au tribunal correctionnel de Boulogne-sur-Mer pour avoir aidé au passage de migrants vers l’Angleterre… Soupçonnée d’avoir organisé « le passage d’étrangers au Royaume-Uni en assurant leur prise en charge en bande organisée », Béatrice Huret encourait une peine de dix ans de prison. La justice lui reprochai d’avoir fait passer son amoureux en bateau vers l’Angleterre en juin 2016.
Le témoignage de Béatrice Huret est tellement fort qu’elle l’a publié en mai sous forme de livre, Calais mon amour (Editions Kero). Veuve depuis 2010 d’un mari travaillant à la police aux frontières (PAF), mère d’un ado, formatrice pour adultes, elle menait une vie routinière jusqu’en février 2015. Elle prend alors en stop un jeune Soudanais perdu dans le centre-ville de Calais pour l’accompagner à la « Jungle ». « Cela a été un choc », expliquait-elle début juin à l’AFP. Elle a alors décidé alors de s’y rendre régulièrement comme bénévole, après avoir organisé une première récolte de vêtements de sa propre initiative. C’est en mars 2016 ; bouleversée par la manifestation d’un groupe d’Iraniens qui s’étaient cousus la bouche pour protester contre le démantèlement d’une partie du camp, qu’elle ressent « un coup de foudre » pour l’un d’eux, Mokhtar, leur porte-parole.
« Mokhtar m’a rendu le goût de l’amour oublié », écrit cette ancienne électrice du FN, parti pour lequel elle votait « sans se poser de questions ». C’est après une tentative ratée de passage de Mokhtar en Angleterre en camion que l’idée vient d’acheter un bateau sur Le bon coin. La traversée de Mokhtar et de deux autres Iraniens est organisée avec l’aide d’un militant « No border », autre prévenu, le 11 juin au départ de Dannes, entre le Touquet et Boulogne. L’équipage sera finalement secouru par les garde-côtes britanniques, alors que le bateau chavirait.
Depuis, Mokhtar a obtenu le statut de réfugié. Mais Béatrice Huret a été interpellée à son travail mi-août et placée en garde à vue. Accusée d’être une passeuse, elle rétorque dans son livre : « J’ai amené un bateau sur une plage. Point. Je l’ai fait par amour, ça ne m’a rien rapporté. » Cependant selon l’accusation, les mis en cause faisaient bien partie d’une structure organisée de passeurs de migrants, occasionnant de juteux profits pour certains d’entre eux. En outre, Béatrice Huret aurait déposé deux autres Iraniens dans un bois à Zoteux (Pas-de-Calais) à proximité de camions mi-juillet, bien après le passage de Mokhtar.
« Ma cliente a fait tout ça pour raison humanitaire. Je ne vois pas comment on va pouvoir retenir la bande organisée », avait indiqué Me Marie Hélène Calonne, qui plaidera la relaxe. Et franchement je pense comme l’avocate, elle est où notre France dite TERRE D’ACCUEIL ? Elle est où cette terre qui se targue d’aider les autres, c’est finalement que du vent !!! Les magistrats l’ont néanmoins reconnue coupable de passage illégal de clandestin. Mais en ne la condamnant à aucune peine, les juges ont manifestement entendu son histoire. C’est par amour pour Mokhtar que Béatrice Huret avait enfreint la loi. Ce dernier vit désormais au royaume-uni avec un statut de réfugié. Durant ses réquisitions, le ministère public a loué la “solidarité” de la prévenue mais avait requis un an de prison avec sursis, alors que la peine maximale encourue était de dix ans de prison. !!! Paola