En Afrique du Sud la séance parlementaire est passée du débat musclé entre députés à la bagarre pure et simple avec le service d’ordre. Cela s’est passé hier 17 mai 2016 ! Des députés d’un parti sud-africain d’opposition qui réclamaient le départ du Président Jacob Zuma ont échangé des coups de poing et de jeter des bouteilles d’eau avec des membres de la sécurité du parlement, mardi 17 mai, en scandant »Le président a brisé son serment, il a délibérément violé la Constitution. C’est Zuma qui devrait partir « , pendant quelques minutes avant d’être expulsés de force.
C’est la deuxième fois en deux semaines que les élus EFF, vêtus de leur traditionnelle combinaison rouge de mineurs, sont chassés de l’Assemblée. L’incident qui s’est déroulé quelques minutes avant une séance de questions-réponses entre les parlementaires et le chef de l’Etat, le tout sous les yeux impassibles du président Zuma. Les députés EFF, emmenés par le leader populiste Julius Malema, demandent la démission de Jacob Zuma, reconnu coupable d’avoir violé la Constitution et soupçonné d’être impliqué dans plusieurs scandales de corruption. Fin mars déjà, la plus haute juridiction sud- africaine (la Cour constitutionnelle), avait reconnu le chef de l’Etat coupable d’avoir violé la Constitution pour n’avoir pas remboursé une partie des 20 millions d’euros d’ argent public utilisés pour rénover sa résidence privée. Jacob Zuma pourrait par ailleurs être de nouveau poursuivi pour plus de 700 chefs d’accusations de corruption dans un contrat d’armement.
« Nous avons écrit à votre bureau pour demander que Zuma ne soit pas autorisé à siéger au Parlement. Il y a un jugement de la Cour constitutionnelle contre lui », a lancé un député EFF, Mbuyiseni Ndlozi, à la présidente du Parlement, Baleka Mbete. Les EFF, qui ont fait leur entrée au parlement lors des dernières élections générales de 2014 avec 25 députés, devenant la troisième force politique du pays, ils perturbent régulièrement les débats à l’Assemblée pour demander la démission de Jacob Zuma. Ils espèrent confirmer leur ancrage dans le paysage politique sud-africain lors des prochaines élections municipales qui se tiendront le 3 août. Pourtant Jacob Zuma né en avril 1942 a passé toute son enfance à Zoulouland, en gardant des vaches dans sa province natale. A 17 ans, il est garçon de courses totalement analphabète mais rejoint l’ANC.
Jacob Zuma devient un membre du Congrès national africain en 1959 et un membre actif de sa branche armée, en chargé de monter un réseau clandestin dans la province du Natal, il est arrêté avec 20 de ses recrues près de la ville Reconnu coupable de conspiration en vue de renverser le gouvernement, il est condamné à dix années de prison et envoyé purger sa peine au pénitencier de Robben Island au côté de Nelson Mandela. C’est durant son incarcération que, grâce aux cours dispensés par ses codétenus comme Govan Mbeki, apprend à lire, à écrire et se familiarise avec les débats d’idées. Il est libéré en 1973 et tente immédiatement de réactiver l’ANC dans la province du Natal.
De nouveau dans la clandestinité et recherché par la police, il quitte l’Afrique du Sud en 1975 pour le Swaziland puis s’installe au Mozambique en 1977 ! Désormais indépendant il organise le soutien aux exilés suite aux émeutes de Soweto. Il devient le vice-président de la représentation de l’ANC au Mozambique jusqu’en 1984 année où il en devient président. En 1991, Zuma est élu vice-secrétaire général de l’ANC à la demande de Nelson Mandela ! En décembre 1994, il est élu chef de la direction nationale de l’ANC, devenant le 3e personnage du parti derrière Nelson Mandela et Thabo Nbeki. Il dirige parallèlement l’ANC dans le KwaZulu-Natal. En juin 1999, il est le second choix de Thabo Mbeki, après le refus de Mangosuthu Buthelezi pour être son vice-président et virtuellement son successeur à la tête du pays. Zuma apporte à Mbeki le soutien de la Cosatu (le congrès des syndicats) et du Parti communiste (SACP). En Mbeki et Zuma sont réélus en dépit de ces allégations de corruption, qui entachent la probité du vice-président. En dépit de ses démêlés avec la justice, Jacob Zuma est toujours resté vice-président du Congrès national africain. L’abandon des accusations contre lui en septembre 2006 relance de manière spectaculaire ses chances dans la course à la succession du président Thabo Mbeki en 2009. Après une nouvelle victoire nationale de l’ANC le 20 avril 2009, il est élu président de la République en mai 2009 et forme un nouveau gouvernement.
Alors pour le moment rien est encore joué, néanmoins je me demande si être à la tête d’un pays ne fait pas l’occasion de devenir un escroc, pourtant certains hommes ont prouvé tel Nelson Mandela ou Thomas Sankara, ou encore Marcus Garvey que l’on peut rester un homme intègre et honnête, sans voler ses concitoyens, aussi c’est une question que tous nous devrions nous poser. Tania